septiemeartetdemi.com - Oui ! Une autre rupture ! Partis John Glenn et Timothy Dalton, voici venus Martin Campbell et Pierce Brosnan dans une ère du compromis qui va enfin emmener l'illustre série James Bond dans les années 2000.
Pour le moment, on est en 1995 et c'est le premier film de ladite série à se situer après l'effondrement du bloc soviétique de 1990. Ce qui ne va pas l'empêcher de s'attacher à raviver la Guerre froide pendant deux petites heures ; après tout, ils pouvaient enfin tourner ce cher fantasme de drames nucléaires évités de justesse dans le pays même avec qui le monde était en froid : la Russie (mais oui, tout le monde sait bien que les Américains étaient les gentils dans l'histoire, voyons).
Cette résurgence du passé est très mesquine, mais comptons-la comme excusable pour la beauté du geste. D'autant qu'elle ne se ressent pas dans l'atmosphère ; Campbell a fait table rase de tout le reste et il veut que ça se sache. Le scénario sait être comique et déshinibé, quelques unes des marques les plus agréables des blockbusters. Il sait aussi être trist-... Ah non, c'est raté si c'était le but.
S'arranger avec une tradition qui fut si durable a eu toutefois plus d'une retombée néfaste : le thème musical - adapté et réduit à son plus strict minimum - a énormément déplu et les dialogues frisent la sottise.
C'est un peu la même chose avec la Bond girl, enfin une vraie personne et pas un bibelot, qui va formuler les interrogations du spectateur à haute voix : êtes-vous obligé de faire sauter tout ce que vous voyez ? ; vous attirez les véhicules à moteur, ou quoi ? ; et les plus importantes de toutes : pourquoi tous ces meurtres ? ; pourquoi être toujours si froid et impassible ? Il réplique que c'est ce qui le maintient en vie, elle répond que c'est ce qui fait qu'il est seul. Une remarque joliment envoyée mais laissée sans réponse. Et alors que
Sean Bean
est en train de mourir
(normal, c'est Sean Bean)
, ayant chuté d'une poignée de dizaines de mètres, près à être écrabouillé par un gros machin tombé du ciel, la même Bond girl sourit à son James adoré. On repassera pour la profondeur et la cohérence.
En parlant de cohérence, il aurait de toute façon fallu une autre sorte de Bond girl, du genre à excuser les fainéantises de tournage. Par exemple, le vidage d'une grande quantité d'eau avec une séquence déroulée à l'envers (on voit clairement l'eau jaillir à la manière d'un remplissage et non l'inverse), ou l'avion qui s'arrête sur une image et repart sur la suivante pour donner l'illusion d'un crash violent.
Mais bon, il y a du sang neuf, une vraie différence, et la destruction à gros budget donne enfin un bon spectacle, même si c'est celui de la mort. C'est le Bond le plus couronné de succès depuis Moonraker (1979) et c'est mérité. À Campbell de se roder maintenant.