GoldenEye symbolise le retour de James Bond, la relance de la franchise. Alors
pour cette renaissance cinématographique, l'excellent Martin Campbell prend les
commandes de ce qui sera considéré comme l'un des plus grands films de la saga. Il
est ici accompagné par Éric Serra, l'homme à qui le spectateur doit la superbe
musique du film.
Après avoir incarné l'agent secret britannique en 1987 et 1989,
Timothy Dalton choisi de ne pas rempiler. Pierce Brosnan s'étant libéré de
Remington Steele, il peut donc désormais endosser le rôle de 007 à la satisfaction
du grand public qui n'attendait que lui. Alors, que dire de son interprétation ?
D'abord qu'il s'en sort très bien. Différent de ses prédécesseurs, il arrive à
retranscrire sa vision personnelle du personnage à travers son interprétation.
Plus léger, plus humain, plus expressif mais pas très "flemingien", tel est le James Bond de
Pierce Brosnan. L'acteur est ici accompagné de la belle Izabella Scorupco qui
incarne la programmeuse russe Natalya Simonova. Loin d'être aussi physique que la
Bond girl lambda, elle arrive tout de même à imposer son personnage. Pleine de
courage, séduisante et surtout très psychologue envers Bond, elle apporte une vraie
légèreté bien nécessaire au film.
Le méchant de l'histoire s'appelle Alec Trevelyan, un vieil ami de Bond détruit par la haine et la rancœur. Un personnage complexe, aujourd'hui culte, sublimé par l'interprétation mémorable de Sean Bean, peu connu à l'époque. Dans le film, la rivalité entre Bond et lui est si violente
et profonde que le héros ne sait plus où il en est. Bond souffre et ce remet en
question ; une remise en question que Brosnan joue à la perfection (référence à la
scène de la plage). Leurs joutes verbales et leurs échanges de regards sont des
petites merveilles d'écriture et de jeu d'acteur. Un vrai plaisir que de voir ces
deux-là se donner la réplique. La scène de la confrontation finale entre Trevelyan
et Bond est à elle seule un petit bijou de cinéma.
Famke Janssen incarne Xenia Onatopp, la "méchante" du film aussi masochiste que séduisante. Gottfried John campe le rôle du général Arkady Ourumov, une relique de la guerre froide (au même
titre que James Bond) qui marque les esprits ; et ce malgré son manque de charisme
flagrant et sa constante infériorité aux autres personnages durant le film.
A cette distribution s'ajoute le nom de Dame Judi Dench qui incarne le nouveau M.
Moins bureaucrate et surtout moins manichéenne que ses prédécesseurs, la nouvelle
patronne de 007 symbolise clairement la drastique ré-actualisation de la saga. M
se veut être froide et intransigeante envers Bond ; une attitude comprise et
explicitée par la conversation entre elle et lui en début de film. Cette même
attitude qui se perdra au fur et à mesure des films. La prestation de Dame Judi
Dench est tout à fait correcte. Robbie Coltrane fait là sa première apparition. Joe Don Baker, sa deuxième (cette fois-ci dans un autre rôle).
Outre sa belle distribution, GoldenEye bénéficie d'un scénario inédit, en marge avec son époque et sous fond de vendetta, un thème récurrent dans la saga mais cette fois-ci nettement plus approfondie pour le plus grand plaisir du spectateur.
Techniquement, le film est une merveille. La photographie est très soignée, malgré les faux raccords et les invraisemblances. Le voyage est garantie. Il y en a pour tous les goûts. Neige et froid en Russie, il y a ; jungle cubaine sous un beau soleil dégagé aussi. Et c'est là qu'intervient Éric Serra par sa musique originale venant intelligemment cristalliser ces paysages inoubliables. A cela se rajoute des scènes d'actions à couper le souffle et la chanson titre écrite par Bono et chantée par Tina Turner ; probablement la plus belle de toute la saga.
GoldenEye est donc un chef d'œuvre à part entière. C'est ce style sombre et unique, si particulier, qui le caractérise. Probablement l'un des films les plus envoutants de ces vingt dernières années, et certainement le meilleur des "Bond movies". Mention à Lindy Hemming, créatrice des costumes du film.