Après un diptyque avec Timothy Dalton, la saga James Bond passa par des procès et autres reports de tournage avant de changer totalement (ou presque) d’équipe technique et de casting.
En effet, exit John Glen, réalisateur depuis 5 films, Richard Maibaum & Michael G. Wilson, scénaristes depuis 5 films, Albert Broccoli, producteur depuis le début de la saga (hormis Opération Tonnerre) et une grosse partie du casting récurrent. Le dur Timothy Dalton y laisse sa place au classieux et excellent Pierce Brosnan, la jolie Caroline Bliss à l’erreur de casting Samantha Bond et Robert Brown à la charismatique Judi Dench. Seul Desmond Llewellyn "survit" à la vague de renouvellement. On va chercher Martin Campbell pour la réalisation et les scénaristes n’ont jamais travaillé sur la saga. GoldenEye témoigne donc d’un vrai souci de renouvellement après 6 ans sans épisode, au moment où tout le monde pensait qu’il fallait laisser l’agent anglais dans les cartons, afin de le laisser être une légende passée.
Malheureusement, malgré tous les efforts sincères consentis à la réalisation de ce projet, GoldenEye n’est jamais vraiment réussi et se pose très loin de l’efficacité d’un James Bond classique. En effet, le film se classe parmi les classiques, c’est-à-dire, un méchant annoncé, une machination et un James Bond qui se retrouve à travailler "by the book", ceci surement pour éviter les comparaisons avec l’excellent Permis de Tuer. Jamais pourtant il ne transcende le modèle et se retrouve être un film de série parmi tant d’autres. Ce n’est pas forcément la réalisation de Martin Campbell qui est en cause, mais la construction du film, le scénario plutôt médiocre. Après une première demi-heure plutôt plaisante, le film se transforme en un succédané de scènes d’action sans réel intérêt ou même légitimité dans le scénario. Le film en devient alors très fatigant, surtout quand les méchants sont interprétés par Sean Bean et Gottfried John (Jules César dans le premier Astérix). Au lieu de s’intéresser à des personnages vraiment intéressants, comme Xenia Onatopp ou Jack Wade, le film reste au ras des pâquerettes, tout en essayant, trop tard, dans le dernier quart d’heure d’avoir un regard critique sur la saga, avec des dialogues un peu trop gros pour être vraiment efficaces (la tirade sur les vodka martinis et les casualties de James Bond, particulièrement).
Abîmé par une musique horriblement lamentable d’Eric Serra, GoldenEye est un film regardable mais jamais vraiment passionnant, par un manque cruel de repères dans le scénario. Il a au moins le mérite de relancer l’intérêt dans une saga que tout le monde croyait morte après 6 ans (le plus long laps de temps sans épisode) d’hibernation. Pierce Brosnan est un choix gagnant, cependant.