Décevant, tellement décevant, atrocement décevant. On a beau avoir les yeux de Chimène, et de Shéhérazade, pour Marjane Satrapi et son compère Vincent Paronnaud, leur Poulet aux prunes est dur à digérer. Manifestement, le cinéma traditionnel, avec des acteurs en chair et en os, n'est pas fait pour la créatrice de Persépolis. Ce conte persan, alourdi par une voix off omniprésente, manque cruellement de fantaisie et d'humour, et on n'est jamais, vraiment jamais, plongé dans le Téhéran de 58, dans cet Iran sans ayatollahs, avec ce décor de carton pâte et cette historiette romantique qui manque de poésie, d"élégance, de brio, bref de tout ce qui pourrait relever un plat oh combien fade. L'intrigue tellement simple, est compliquée par une chronologie hasardeuse, qui joue la carte de la nostalgie couleur sépia, mais rien ne fonctionne. A commencer par l'interprétation, faiblarde (mon Dieu, qu'Amalric est mou !), outrée ou niaise, dans cette juxtaposition de saynètes inoffensives. La BD avait du charme, celle d'une époque qui parait aujourd'hui lointaine, le film ne retrouve cette alchimie que dans les quelques scènes d'animation, rares mais tellement plus convaincantes. Le dernier quart d'heure, pourtant, est miraculeux. Le rythme s'accélère, les personnages se taisent, place aux chromos d'une image sensuelle et sentimentale, enfin le style de Satrapi est de retour. C'est trop tard, générique de fin, l'album, pardon, le film se referme. Dommage, on a à peine eu le temps d'apprécier la présence de la merveilleuse Golshifteh Farahani, l'actrice d'A propos d'Elly qui, par sa courte apparition, parvient à magnifier ce Poulet aux prunes. l'espace d'un trop court moment. Quelle tristesse d'être malheureux devant un film raté !