en sortant de Poulet aux prunes, je me suis dit que sans doute, j'étais un garçon trop terre à terre, qui gardait en lui trop de résistances pour se laisser complétement guider vers un chemin peu balisé. Marjanne Sartrapi et Vincent Maronnaud, les deux réalisateurs du film, et qui avaient été extrêmement remarqué lors de leur premier long métrage, Persepolis, film d'animation adaptée d'une bande dessinnée de Marjanne Satrapi, avaient prévenu pendant le tournage de leur second film qu'ils préparaient "une oeuvre que les gens n'ont pas l'habitude de voir au cinéma".
Et effectivement, nul ne peut leur contester ce souci évident d'originalité et d'inventivité, plus dans la forme que dans le fond (l'histoire d'un violoniste iranien qui se remémore, avant de mourir, les moments clés de son existence). Le style est délibérement issu de l'animation, et même si le film est fait en prise de vue réelles, il ya plusieurs idées visuelles détonnantes et trés sytilisées, où le maitre mot est : imagination. Ici, les suicides sont forcément vus et revus dans la tête, de façon très surréaliste, ce qui nous vaut des scènes croquignolettes, un peu à la Amélie Poulain; et de même la mort peut également prendre la forme d'un ange des ténèbres à qui Edouard Baer prête toute son élégance désuette.
Bref, nous avons affaire à un patchwork cinématographique qui prend différentes formes : conte oriental poulet, séquences animées, mélo à la Bolywood. Et si certaines scènes sont vraiment magnifiques, notamment dans la dernière heure avec la trés belle Golshifteh Farahani (voir photo) en objet d'amour impossible, d'autres flirtent dangeureusement avec le ridicule (la satire de l'american way of life par exemple).
Car hélas, force est de constater que cette profusion visuelle et de genres différents apparaît parfois décousue, et manque parfois de fluidité qui va à l'encontre de l'objectif affiché. A force de surenchère, l'émotion a du mal à percer, et du coup toute cette indéniable beauté plastique a quelque chose d'un peu figé.
suite de ma chronique sur mon blog : http://www.baz-art.org/archives/2011/11/01/22499642.html