Uwe Boll, hormis ses multiples adaptations de jeux-vidéo au cinéma, a su nous montrer ces dernières années qu’il était capable de bien mieux et surtout de plus original. Darfur en est l’exemple le plus récent, ayant été acclamé par Amnesty International et récompensé du prix du meilleur long-métrage il y a quelques jours au festival du film indépendant de New-York.
Une fois n’est pas coutume, Uwe nous surprend une nouvelle fois en réalisant Stoic.
Basé sur des faits réels s’étant déroulés en 2006, à Seigburg (Allemagne), Stoic est un huis clos racontant l’histoire d’un homme violé et assassiné par ses compagnons de cellule.
Tout commence lors d’une partie de poker entre ces quatre prisonniers durant laquelle le perdant devra avaler un tube de dentifrice. Ce dernier se défilant, ses trois « amis » le lui feront avaler de force. Sentant que les choses finiront par mal tourner il tentera de prévenir les gardes par l’interphone, mais ses assaillants, voyant mal la chose se mettront à le cogner, puis continueront dans une escalade atroce de violence, presque insoutenable pour le spectateur mais loin de ce calvaire qui a du paraître interminable pour ce prisonnier.
Il est difficile de trouver un qualificatif pour ce film, certains pourront le condamner tant sa violence pourrait paraître gratuite, mais comment narrer une horreur bien réelle sans nous la montrer ? Là dessus Uwe montre tout son talent pour la mise en scène et en plus de nous inspirer du dégoût et un profond malaise, on ne peut que déplorer cet acte ayant eut lieu dans un milieu carcéral manquant visiblement de surveillance. Que les prisonniers paient leur dette envers la société, soit, mais il est intolérable que de telles choses puissent arriver. On comprend d’ailleurs ce qu’Uwe veut nous montrer, à savoir la synergie qui est capable de se créer quand des hommes veulent faire du mal.
Sans être en noir et blanc, Uwe choisit un décor et des costumes tristes et froids, augmentant le côté sombre de l’oeuvre ainsi que l’aspect déshumanisé de cet acte atroce. On félicitera également sa mise en scène qui plutôt que nous montrer l’horreur de façon cadrée se concentre en général sur le visage des acteurs, ceci renforçant leur jeu. On découvrira notamment un Edward Furlong au top, loin de toutes les merdes qu’il a pu cumuler depuis Terminator 2. Livrés à eux-mêmes, sans texte, hormis des indications et témoignages, Uwe montre paradoxalement qu’une synergie inverse peut se créer, tous remplissants leurs rôles à la perfection, rendant l’oeuvre bluffante de vérité.
Pour conclure, Uwe surprend, choque, dégoute, mais avec un talent indéniable.
Mention spéciale — évidemment — pour Edward Furlong, qui remonte la pente et revient sur le devant de la scène, plus vieux, plus mature et plus crédible, assurant pour la seconde fois de sa carrière un rôle de taulard, la première étant avec Animal Factory, et montre par la même occasion qu’il sait aussi bien jouer la victime que le bourreau.