Les documentaires sur Bob Marley sont légion. Kevin Macdonald était malgré tout persuadé qu'il y avait encore beaucoup à dire sur le chanteur jamaïcain : "J’ai lu énormément, vu quantité de films. Pourtant à chaque fois, j’avais le sentiment que Bob Marley restait un inconnu. Qu’au fond, malgré toute l’attention qu’il générait, j’ignorais toujours qui était réellement cet homme. Mon but avec ce film était de me rapprocher au plus près de qui il était, de l’homme en chair et en os", explique-t-il.
C'est sur le tournage du Dernier roi d'Ecosse (2006) que le réalisateur Kevin Macdonald a eu ce qu'il appelle un "déclic" concernant Marley. C'est en effet en se rendant dans les bidonvilles de Kampala, la capitale ougandaise, qu'il s'est rendu compte de l'importance du phénomène Bob Marley.
Kevin Macdonald a réalisé un véritable travail de fourmi pour rassembler tous les témoignages composant Marley : 14 mois pour retrouver la trace de toutes les personnes qu'il souhaitait interroger et pour obtenir leur consentement, une centaine d'intervenants rencontrés, des heures et des heures de rushes... Le résultat final que le spectateur peut découvrir à l'écran ne représente donc qu'une infime partie du matériel tourné.
Filmer un documentaire sur Bob Marley mène à tout... même à interviewer la fille d'un ancien président africain, dans la suite d'un prestigieux hôtel parisien ! Grâce au sérieux de sa démarche, Kevin Macdonald a ainsi persuadé Pascaline Bongo, la fille de l'ancien président gabonais Omar Bongo, de témoigner pour la première fois de sa relation avec Bob Marley. Elle a été la maîtresse du chanteur à la fin de sa vie.
Autre témoin dont l'histoire est à part dans Marley, Bunny Wailers, membre fondateur du groupe The Wailers. Insatisfait de la place qui lui était donné dans de précédents documentaires, il était très réticent à l'idée de témoigner. Il a ainsi mis huit mois pour donner son accord. Mais une fois en Jamaïque, Kevin Macdonald et son équipe ont vite déchanté : l'ancien chanteur demandait un million de dollars en échange de sa participation ! Les négociations ont alors repris, et Bunny Wailers a finalement témoigné... gratuitement.
Comprendre qui était le vrai Bob Marley... Kevin Macdonald peut estimer avoir rempli son objectif, puisque à l'issue de la projection du documentaire, Ziggy Marley et Cedella Marley avaient les larmes aux yeux. Le réalisateur se souvient parfaitement de ce moment très spécial : "[Elles] m’ont remercié de leur avoir mieux fait comprendre qui était leur père."
Kevin Macdonald, le réalisateur de Marley, est réputé dans le monde du documentaire. Il a notamment remporté un Oscar en 2000, pour Un Jour en septembre, un film qui retrace la prise d'otages lors des Jeux Olympiques de Munich en 1972. Il doit aussi sa renommée à des œuvres de fiction. Citons Le Dernier roi d'Ecosse et L'Aigle de la Neuvième Légion.
Avant Kevin Macdonald, deux réalisateurs oscarisés ont travaillé sur le développement de Marley. En 2008, c'est Martin Scorsese qui devait s'occuper du film, mais il dut quitter le projet pour cause d'un problème d'emploi du temps. Il fut ensuite brièvement remplacé par Jonathan Demme (Le Silence des agneaux).
Le documentaire Marley a été présenté hors compétition au 62ème Festival de Berlin.