Après Tunnel Rats, voici qu’Uwe Boll arrive avec son second film de guerre, Attack on Darfur. La guerre au Darfour (région du Soudan) a la particularité de ne pas être militaire, mais civile, d’ailleurs le terme « guerre » n’est pas vraiment approprié, étant plutôt un génocide à proprement parler. 400.000 morts, 2,8 millions de personnes déportées, bref un véritable massacre qui dure — officiellement — depuis 2003 (mais les premiers conflits ont commencé en 1987). Pourtant on entend rarement parler de tout ça, mais plutôt de l’Irak ou de l’Afghanistan étant des guerres de pouvoir entre gouvernements et médiatisées car les Américains aiment se plaindre de leur gouvernement et les Européens dire que les Américains sont des pourris avides de pétrole. Pour résumer la situation au Darfour, ça n’est pas une guerre de religion, mais une guerre ethnique, les Arabes ne voulant pas des noirs au Soudan, et ayant comme leitmotive de les massacrer jusqu’aux derniers (cependant il a été prouvé que suite à des découvertes de sources pétrolières la Russie et la Chine fourniraient les milices en armes afin de libérer ces zones).
Uwe parle donc d’un sujet dur et étouffé, voulant révéler au monde entier ce qu’il se passe dans ce pays (le gouvernement Soudanais niant toute implication, malgré que certains chefs de milices fassent partie de celui-ci).
L’histoire est relativement simple, une bande de journalistes américains, voulant ramener des preuves du génocide et étudier les conditions de vie du peuple du Darfour, se rendent sur les lieux, escortés par quelques militaires Nigériens. Recueil de témoignages particulièrement émouvants, découvertes macabres, consternation des journalistes, le film reste pendant sa première partie assez calme, avant que les Janjawids fassent leur apparition. Les Janjawids, ce sont les miliciens Arabes perpétrants ces massacres. D’abord récalcitrants à l’idée de s’en aller, les journalistes n’auront pas d’autre choix que de partir et de laisser faire.
Tranchant littéralement avec une première partie paisible, Uwe déchaîne sa fureur comme un éclat en sanglots, nous livrant une séquence de massacre particulièrement dérangeante. Démembrements, viols, exécutions (d’hommes, femmes, enfants et bébés), on sent que nos yeux nous piquent et même si le dégoût est évident, on se force à regarder cette horreur, car c’est le but de ce film, nous montrer la réalité des choses.
N’espérez pas de happy end ici, en revanche une chose est certaine, vous verserez des larmes.
Montrant encore une fois son talent pour la mise en scène, Uwe filme tout cela de manière à nous montrer le massacre, certes écoeurant, mais évitant les close-ups et ne sombrant pas non plus dans la violence gratuite et inutile façon torture-porn à la Saw, gardant une certaine part de pudeur (plans courts, shaky-cam…).
Félicité par Amnesty International, de même que par le réalisateur Ron Howard, ainsi que par diverses associations comme Designers4Africa, Attack on Darfur a atteint l’apogée qu’il mérite en ayant la récompense de meilleur long-métrage au Festival du cinéma Indépendant de New-York.
Après Stoic et Tunnel Rats, s’il fallait une nouvelle preuve du — réel — talent d’Uwe Boll, la voici.
Au risque de me répéter, comme je l’avais déjà dis pour Tunnel Rats, Jessica de Rooij signe une nouvelle fois une bande-son appuyant parfaitement le côté dramatique du film, de même que la photographie signée Thomas Neumann. On admirera aussi la reconstitution du village, criante de vérité.
Pour conclure, Attack on Darfur est indubitablement un film à voir, et probablement à classer dans le top 10 de cette année. Espérons seulement que les appréhensions du public vis-à-vis de ce réalisateur ne freinent pas la distribution de ce film, étant un pilier indispensable pour changer l’opinion publique.
Mention spéciale pour Hakeem Kae-Kazim, jouant le rôle du haut gradé Nigérien, interprétant à la perfection son rôle complexe et difficile de soldat mentalement torturé, n’ayant pas les moyens d’intervenir pour empêcher ces horreurs.