Générique entêtant rappelant étrangement celui de L'Exorciste, une bâtisse digne d'Amityville... il y a trente ans, déjà, il n'en fallait pas plus pour tenter sa chance dans le genre. Et c'est vrai que ça sent les années 80 à plein nez ici, l'apparence, les voitures, la musique, en passant par une certaine atmosphère insouciante qui y règne, font de ce film le témoin figé d'une autre époque.
Le convaincu ennuyeux, l’athée indécrottable, le flic zélé adepte de magie, la voyante extravertie, on retrouve dans Ouija toute une palette de personnages haut en couleur interprétés par des acteurs plutôt corrects dans l'ensemble, dont Tawny Kitaen (Le Palace en délire) ou Todd Allen (Django Unchained, Postman) et d'autres acteurs de seconde zone issus notamment de la télévision, tendance soap, parfois disparus depuis de la circulation. Derrière cette petite production gentillette, enfin, à une éventration près, on retrouve Kevin S. Tenney, un abonné aux séries B du calibre d'Alien Invasion, La Revanche de Pinocchio, ou The Second Arrival , et comme ici, souvent crédité en tant qu'auteur de ses films. Son travail de mise en scène, sans être prodigieux, n'en demeure pas moins extrêmement soigné et démontre bien qu'avec un peu de passion et de cœur on peut rendre une production des plus modestes (estimée à deux millions de dollars), "regardable".
Même si les effets de peurs ont pris un méchant coup de vieux (travelling aériens subjectifs, musique synthétique angoissante, le coup du reflet qui fait peur...) le réalisateur pimente son récit avec un humour parfaitement dosé, notamment assuré par le personnage d'une voyante déconneuse, offrant un recul bienvenu par rapport à son sujet.
Une suite américaine est produite en 1993, Witchboard 2 : la Planche aux Maléfices, toujours réalisée par Kevin S. Tenney, suivi d'un troisième film, canadien cette fois en 1996, Possession, réalisée par Peter Svatek. Toutefois pour ceux que son aspect vieillot et cheap rebuterait, qu'ils se rassurent, un remake "officieux" est sorti depuis.
Au final, malgré des incohérences et un coup de vieux certains, Ouija demeure une petite production modeste loin d'être ridicule qui, si elle ne provoquera que rarement l'inquiétude, étonne par sa volonté de surprendre et ce même jusque dans ses ultimes plans.
Pour les amateurs il me semble voir dans les deux héros masculins une attirance homosensuel à peine voilée...