Je me souviens de la polémique. Depardieu avait dit (de mémoire), pour balayer cette polémique « Je me fous d’être Français ». Sous-entendu, je n’ai pas d’identité et en tant qu’acteur, je peux tout jouer, De gaulle, Napoléon, Obélix et un personnage de couleur. Dans l’absolu, il a raison. Il le prouve dans ce film. Toujours aussi cabotin, truculent, juste. On aurait pu aussi lui cirer le visage comme au temps des années 30 à Hollywood. Et à l’heure des effets spéciaux, on aurait pu voir notre Depardieu directement métissé en motion picture ! Le véritable sujet est de constater que Safy Nebbou a fait un film à charge contre Dumas espérant relayer la couleur de peau de Dumas au second plan. Raté. La polémique est légitime et je comprends que l’on s’indigne ; de là à inviter les spectateurs à boycotter le film... Il était important que la polémique s’exprime, car ce peut être la porte ouverte vers l’indifférence, vers le n’importe quoi, le tendancieux. C’est vrai, on pourrait se poser la question suivante : Omar Sy pourrait-il interpréter Jean Moulin ? Sarah Bernhardt a bien joué l’Aiglon au théâtre ; c’était du théâtre ! Maintenant, si un acteur noir voulait jouer un grand personnage historique blanc, pourquoi l’en empêcher ? La force de son talent et de son imaginaire auraient-ils raison de sa couleur de peau ? J’en doute, malheureusement. Dans « Wild wild west », James West est joué par Will Smith ; dans l’inconscient, ou la conscience des fans, James West est associé à Robert Conrad. Certes, James West n’est pas un personnage historique ; mais ce personnage qui a bercé nombre de ma génération était blanc. Et pourtant, j’ai beaucoup aimé la prestation de Will Smith. Alors oui, la polémique est légitime mais il ne sert à rien d’être virulent à l’égard de « L’autre Dumas ». Seulement, il aurait été intéressant et pédagogique et historique de nous faire jouer Dumas par un acteur réellement métissé. Le boxeur Ali avait dit aux photographes (toujours de mémoire) : « Prenez beaucoup de photos car dans mille ans on serait capable de dire que j’étais blanc ». Les jeunes qui découvrent Dumas à travers ce film pourraient bien penser que celui-ci était blanc. Ce n’est pas adroit comme démarche. Certes, c’était intéressant d’aborder cette tranche de sa vie avec Maquet, son ingratitude voire son mépris, plaisant cette romance impossible entre Maquet et Charlotte et le quiproquo qui s’ensuivit ; seulement, ce film reste un peu trop pâlichon ; il aurait fallu plus de couleur et j’assume le jeu de mot, histoire de réhabiliter Alexandre Dumas tout simplement, lui qui avait essuyé des réflexions racistes de son vivant. Le film aurait-il été pour autant réussi ? Peut-être pas mais il aurait évité cette maladresse. Dommage, tous les acteurs étaient plaisants à commencer par Benoît Poelvoorde. Et si on entendait par « L’autre Dumas » un Dumas blanc ?!Tiens, tiens...