Michael Collins est un film portant le nom de l'homme considéré comme le plus grand responsable de l'indépendance irlandaise à la sortie de la Première Guerre mondiale, et se fait le vecteur de cette partie de son histoire. Un film historique, donc, où l'Irlandais Liam Neeson va s'occuper d'être lui-même, c'est-à-dire d'oublier de quitter ses vêtements d'acteur avant d'enfiler son personnage. Rien de transcendant dans le reste des interprétations, ni dans le montage au début, qui se plaît dans la succession les scènes en faisant semblant qu'elles émergent toutes avec une égale grandeur des brumes du passé.
La première demi-heure passée, on entrera dans le véritable propos, cousu de constats historiques plutôt bien traités, ni trop bâclés, ni passés dessus trop vite, ni orientés... pour autant que le spectateur lambda peut en juger. C'est sans exposer sa volonté que l'œuvre la remplit, mettant – comme sans le faire exprès – de la profondeur dans le fossé séparant l'idéologie de la revendication et la guerre du terrorisme. Il y a même un nom pour ça : la guérilla.
L'importation du mot hispanique se fait tout en douceur entre les brumes celtes, et cette volonté indépendantiste qui était un jeu où l'on s'autoproclamait Ministre de la Pagaille Générale devient subtilement une guerre où les personnages grandissent et divergent, sans forcer. La dimension du pays, dont le président ressemble à un maire et ses ministres à un groupes de copains, est très bien restituée et nous donne mine de rien l'image des racines les plus récentes de ce bout de Royaume-Uni. En plus, il nous explique l'unification sans pédagogie condescendante ni emphase.
Une reconstitution un tantinet maladroite, qui faillit à se débarrasser de ses erreurs comme Julia Roberts de son accent, mais décente, et qui paraît atteindre la sagesse par la naïveté.
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