Sorti début décembre en France dans la quasi-indifférence générale, Scott Pilgrim mérite pourtant bien plus d’attention que la plupart des films sortis cette année.
Scott Pilgrim, c’est un jeune américain comme hollywood en produit à la chaine dans ses studios : un peu maladroit, un peu coincé, légèrement geek sur les bords et se posant nombre de questions existentielles, en particulier à propos des filles, questions qui laisses généralement de marbre les trentenaires et plus ayant oublié qu’ils ont été un jour jeune homme/fille. Scott Pilgrim, 22 ans, note : « génial », donc, vit donc tranquillement sa vie de rock star en devenir avec son groupe de rock et sort avec une collégienne de 17 ans. Jusqu’à ce que débarque dans sa vie Ramona Flowers dont il tombe évidement immédiatement amoureux. Mais entre Scott et le cœur de Ramona, se dresse un obstacle de taille : La ligue des 7 ex-copains (« The 7 evils ex’s ») de Ramona, que Scott devra, l’un après l’autre, battre en combat singulier jusqu’à atteindre leur chef pour finalement le battre lui aussi.
Sous ce pitch un peu farfelu se cache en fait un film (adaptation d’un comic américain) d’une grande inventivité gorgé de pop culture, de jeux vidéo, de rock et de kung-fu. En effet, il faut imaginer Scott Pilgrim comme le croisement improbable d’un teen movie et de, en vrac, Mario Bros (les ennemis éliminés se dissolvent en laissant un tas de pièces de monnaie à la place), Teken, Tigre et Dragon, Crazy Kung-fu (ou tout autre film de kung-fu culte), de la vielle série Batman et Robin (celle avec les onomatopées), d’à peu près n’importe quel anime japonais, et des dessins animés de Tex Avery.
On peut penser au premier abord que ce genre de mélange risque d’être indigeste mais c’est sans compter sur la réalisation ultra énergique du réalisateur Edgar Wright (inconnu au bataillon). Et ici, énergique ne veut pas dire épileptique comme beaucoup de films qui se veulent pour ado et/ou branché. Le film est monté comme un comic book (découpage des plans, bruitages, actes héroïques, etc.) sans jamais devenir épuisant pour les yeux ou l’esprit, en nous en mettant pourtant plein la vue pendant presque 2 heures. Les dialogues et les situations, portés par un Michael Cera (l’ado lunaire de Juno et Be Bad) en grande forme, font mouche et certaines scènes sont proprement hallucinantes, comme une explosion de couleurs acidulées. La scène du « Amp vs Amp » contre les Katayanagi Twins est à ce titre un grand moment bien que des idées ont été piquées sans vergogne à Crazy Kung Fu. Mais c’est aussi la grande force du film : Avoir autant de références explicites sans que le spectateur ait un peu une impression de déjà-vu était quasiment impossible et pourtant, toutes ces références ont été mâchées, digérées et « recrachées » de façon à former finalement une œuvre vraiment originale (au moins sur la forme), sensible et toujours drôle dont les geeks en tout genre ne se lasseront pas d’essayer de lister toutes les clins d’œil.
C’est peut être finalement un peu la limite du film : trop de référence tuent la référence, et les spectateurs hermétiques à la culture pop risquent de se retrouver largués. Pour les autres, Scott Pilgrim se dégustera comme ces bonbons acidulés qui nous piquent la langue et nous font plisser les yeux mais qu’on adore !
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