Pour moi, ce "Sott Pilgrim" est un peu à son réalisateur Edgar Wright ce que "Kill Bill" premier du nom est à Quentin Tarantino. Un condensé un peu maladroit et surchargé, de culture pop mais aussi de tous les tics et gimmicks que le réalisateur aime bien mettre dans ses films, et que je vois davantage comme une ébauche du reste de la filmographie du réalisateur que comme une pièce maîtresse de celle-ci. Et là encore, comme avec "Kill Bill", il y a des tas de choses que j'adore dans ce film. Les bonnes habitudes d'Edgar Wright me plaisent définitivement: il y a ce rythme sous coke et ces plans calculés au millimètre par un foutu magicien qui font que comme avec "Shaun of the Dead" et "Hot Fuzz", même si le film n'est pas toujours drôle on s'en fout, la réalisation à elle seule justifie le visionnage du film. Et puis ça donne quand même lieu à une pincée de moments vraiment hilarants, en particulier le fameux passage du plongeon de Scott à travers la fenêtre. Autant le film n'a pas tant que ça fait souffrir mes abdos, autant lors cette scène précisément on ne peut qu'exploser de rire. J'aime aussi beaucoup les personnages dans leur globalité, en particulier le co-locataire gay de Scott, l'un des TRÈS nombreux comic-reliefs du film. Edgar Wright doit avoir une pré-disposition à créer des comic-reliefs gay, parce que lui et le duo de flics très probablement homos de "Hot Fuzz" font partie des meilleurs comic-reliefs dont je me souvienne. Même si en soi, les personnages principaux (Scott, Ramona ou Knives) ne sont pas mémorables, ce sont davantage les personnages secondaires qui brillent par leurs apparitions plus brèves mais toujours justes. Et puis Edgar Wright reste quand même, avec Marc Webb et Tarantino à mon avis, un des réalisateurs qui utilisent le mieux la musique. Et ça se ressent plus que jamais dans ce film où la musique à une place très particulière dans le scénario. J'aime aussi que le film aille constamment au bout de son délire, quitte à perdre le spectateur de temps en temps certes, mais des trucs comme la "police végétalienne", tellement peu de films en seraient arrivé là que leur seule présence dans ce film fait plaisir. Et si je n'adore pas toutes les références que fait le film (centrées plus que tout autour du jeu vidéo évidemment) il y en a tellement que beaucoup m'auront forcément ravi: le jingle "Universal" joué en 8bits, la musique "get item" de Zelda lorsque Scott ouvre une porte, les animations de "Street Fighter" lors des combats (d'ailleurs si le film avait glissé un petit "attaque napolitaine" ou "j'ai une toux d'asthmatique", y'a pas à chier je lui aurait mis 5 sans hésiter), le trou dans le mur en forme de Toad lorsque Todd passe à travers (le détail qui déchire, j'avoue)...il y en a beaucoup trop pour les citer tous. "Hot Fuzz" était déjà pas radin niveau easter eggs mais alors là, c'est un tout autre niveau. Mais alors, après avoir écrit vingt lignes juste dithyrambiques sur le film, comment puis-je lui mettre tout juste la moyenne ? Eh bien comme je l'ai dit, le film a souvent tendance à partir dans son délire en laissant le spectateur de l'autre côté de la rive. Et si je ne suis pas non plus le plus grand expert en culture-pop/vidéoludique qui soit, je peine à imaginer à quel point ceux qui n'y connaissent rien doivent se sentir perdu au bout d'un quart d'heure de film. Mais là où le film pêche le plus, et là où ça ne pardonne pas, c'est qu'il manque très sérieusement d'enjeux dramatiques dignes de ce nom. C'est simple, on se demande trop souvent ce qui se joue à chaque scène, ce que le héros a à perdre s'il échoue, et bien souvent cette question-ci, le film ne se la pose pas. Au final, on est davantage motivé par l'enchaînement des combats que par les objectifs du personnage. Et s'ils sont agréables à l'oeil, parfois drôles, toujours ultra-référencés et chorégraphiés avec autant de talent qu'accordé à la réalisation, ils ont encore une fois tendance à partir dans un délire lointain, très lointain. Du coup même si "Scott Pilgrim" est bourré de qualités très appréciables, je ne l'aime pourtant pas plus que ça dans son ensemble. Pour moi, il se rapproche d'un "Sucker Punch" dans le sens ou ces deux films tentent d'adapter les codes du jeu vidéo à l'écran ce qui est toujours aussi casse-gueule même avec un génie comme Edgar Wright derrière la caméra. Dommage, il ne fallait pas grand-chose de plus à ce film pour qu'il ne passe de "moyen" à "chef d'oeuvre".