L'année 2010 fut marquée par l'adaptation de deux comics qui malgré leurs très très grandes différences avaient comme point commun leur statut d'inadaptable : Kick-Ass et Scott Pilgrim, qui partagent aussi comme point commun une véritable graine de film culte et l'affirmation de cinéastes en herbe (ici, le déjà très doué Edgar Wright (qui avait alors à son actif les hilarants Shaun Of the Dead et Hot Fuzz) et Matthew vaughn (qui est retourné derrière la caméra en 2011 pour un autre film de super-héros bien moins marginal et plus classique que le premier mais tout aussi remarqué : X-Men, Le Commencement)). Pour le premier, Matthew vaughn, qui malgré le côté réaliste du comics (ce qui était d'ailleurs sa grande originalité) déjà culte du génie Frank Millar était embêté par la violence ultra-sanglante de la BD avec le besoin d'un budget plus ou moins conséquent et la présence d'une fille de douze ans qui multipliait les carnages dans le scénario original, mais avait extrèmement bien manoeuvré en livrant un film édulcoré par rapport au matériau original mais violent quand il le faut avec de multiples références jusqu'à aller côtoyer un certain aspect Tarantinesque dans la mise en scène des scènes d'action, une réussite qui fut salué par un bon petit succès publique et même critique, et ce fut au final Scott Pilgrim qui avec une fidèlité exemplaire à la série de BD totalement déjanté et monumentale de Bryan Lee O'Maley qui était la plus dure des deux à en tirer quelque chose qui s'apparente à un film, qui subit un énorme bide public malgré le succès de la BD et la qualité de l'ouvrage, tant il respecte le matériau d'origine ; c'est d'ailleurs à partir de ce point-la qu'on peut facilement comprendre pourquoi on a boudé ce magnifique OVNI qui trouva pourtant un statut de film culte pour beaucoup de gens : Scott Pilgrim était en apparence une magnifique friandise aux geeks fans des années 90 et personne n'est vraiment allé voir à l'intérieur s'il s'addressait à une autre catégorie de personnes, même si on se doit bien d'accorder qu'un spectateur lambda habitué aux films classiques et sans références vidéoludiques allant plus loin que le dernier Lara Croft sera bien perdu dans cet univers totalement foutraque et trouvera la mise en scène hallucinogène indigeste au bout d'une heure , ce qui fut peut-être un peu mon cas vers le combat final totalement barré. C'est là qu'on en vient à l'histoire typé jeu arcade qui voit Scott Pilgrim, dragueur maladroit et tête-à-claques, qui pour pouvoir sortir avec la fille de ses rêves doit vaincre ses sept petits-exs maléfiques ; ces fameux combats sont tous inventifs, totalement déjantés et rivalisent à chaques fois de trouvailles visuelles, allant même parfois à ne pas totalement recopier ceux des comics, même si on peut dire qu'au niveau du respect, on peut faire difficilement mieux dans le genre : la BD était uns de ces romans graphiques qui carburaient à la dizaines de gags par pages, eh bien le film est de ces longs-métrages qui multiplient les gags visuels à la minute sans trop d'excès ; le comic arrivait malgré un bazar constant à instaurer une véritable intrigue romantique, construisant l'histoire comme une sorte de comédie initiatique déjantée, eh bien le film y arrive aussi sans trop de maladresses et fait l'exploit de rendre crédible cet étrange idylle entre Scott et Ramona Flowers, tel est son nom, avec en plus l'handicap de devoir concentrer toute l'énergie et l'histoire fournie (malgré les apparences) de la série qui était déjà en constant mouvement (il n'y a qu'à voir à la fin du tome 4 tout les nombreux liens entre les nombreux personnages de la série pour s'en rendre compte) en moins de deux heures. Au final, on a une belle graine de film culte malgré un trop-plein de chose vers la fin qui rend le tout presque brouillon, malgré une multitude de références (en majorité dans le territoire du jeu vidéo (c'est un oephémisme)) à une génération dont je ne fais partie, mais surtout un film jouissif totalement en dehors de toute convention cinématographique mais de ce fait incroyablement respectueux envers une série non moins culte de BD qu'on prendra autant de plaisir à regarder que ce long-métrage à ranger parmi les meilleurs de 2010. Conclusion : Edgar Wright n'a décidément aucun souci à se faire, que ce soit pour le respect de ses références, de ce qu'il adapte ou de ce qu'il parodie, et ce dans toute sa filmographie (il n'y a qu'à voir (pour prendre comme exemple facile... Les deux seuls autres films qu'il a réalisé) Shaun Of The Dead, devenu culte pour être une excellente parodie de film de zombie mais surtout pour être un très bon film de genre qui en respecte tous les codes, et Hot Fuzz, moins bon mais sympathique film d'action en plus d'en être un pastiche), mais aussi pour la qualité de ce qu'il présente, et Scott Pilgrim en est un très bon exemple... Qui ne plaira pas à tout le monde mais qui en est un très bon exemple. Bref, un film taillé pour devenir culte.