Le nouveau film de Betrand Tavernier, tant attendu, présenté au festival de Cannes, promet de nous faire passer 2 agréables heures face à de récents acteurs plongés dans l'histoire de France (malgré un jeu légèrement figé de Grégoire Leprince-Ringuet...).
Cette histoire adaptée d'un roman de Madame de la Fayette est une pure merveille, d'une forme assez classique dans sa globalité, le réalisateur arrive à capter notre attention du début à la fin par des scènes et une progression dans l'histoire très rythmées. En effet, en ces temps de guerres de religions, entre trèves et batailles, viennent s'y mêler ces amours contrariés entre une toute jeune femme et quatre "preux-chevaliers", tous Prince, Comte ou Duc. S'ajoute à cela un jeu d'acteur très agréable, des personnalités très marquées ; un Prince de Montpensier (Grégoire Leprince-Ringuet) très coincé et jaloux, n'arrivant pas à se faire aimer de sa belle, un Duc de Guise (Gaspard Ulliel) représentant l'amour passionnel entre lui et la belle Marie (un amour d'enfance presque) mais n'étant finalement qu'illusion et un jeu de possession et de rivalité pour ce dernier. Le Comte de Chabannes (le beau Lambert Wilson) lui n'est que dévotion, l'amour pur et sincère d'un homme mûr face à cette jeune femme qui ne lui offre qu'une profonde amitié, le court à sa perte - d'ailleurs on finit par se dire qu'il était le seul parmis tous ces prétendants à mériter l'amour de Marie de Mézières, malheureusement il est aussi le seul à mourir - "Injustice !!" a t-on envie de crier, oui, et s'en est bel et bien puisque toutes ces rivalités, Marie ne les provoquent guère volontairement. Elle est l'esclave de sa trop grande beauté, de sa jeunesse et, comme le dit si bien Catherine de Medicis, de sa guerre interieure entre "Mars et Vénus", entre la raison et la passion, la passion que provoque l'amour en chacun de nous. N'est ce pas finalement ce qui nous fait vivre, et l'on aura vite compris dès le départ lequel des deux elle choisira.
On trouve dans cette réalisation quelques passages drôles, très bien placé, comme tout le reste. Le Duc d'Anjou (Raphael Personnaz)lui, parait être un simple élément perturbateur, non pour la belle mais pour les autres prétendants, au milieu desquels il sème le trouble, son adoration pour celle-ci semble purement artistique, tant il le démontre aux yeux de tous. D'ailleurs, Henri III n'était-il pas gay ? il s'amuse de la situation, raisonne les jeunes étalons quand il le faut.
A noter aussi les magnifiques paysages d'Auvergne, entre montagnes et vallées verdoyantes, les costumes d'époque tout aussi beau, entre duel d'épées, crise de nerf, de guerre, et autre scènes d'amour (plus ou moins sensuelles), cela apaise l'atmosphère !
En somme, un beau récit sur l'amour et toutes ses complexités, la loyauté, le courage, les trop grandes passions qu'il provoque, tant dans la jalousie, les rivalités et les sacrifices de certains. C'est un beau roman, c'est une belle histoire, Monsieur Tavernier !