Bertrand Tavernier reprend l'une des œuvres majeures de Madame de La Fayette, La Princesse de Montpensier. Cette femme de lettre française a révolutionné la littérature de son époque et certaines de ses grandes œuvres littéraires ont su marquer les esprits tels que La Princesse de Clèves, à l'époque écrit anonymement. Ici, Bertrand Tavernier lui rend un bel hommage en adaptant cette nouvelle sur un film d'environ 2h15, ce qui permet de découvrir de nouveaux éléments, d'enrichir l'univers et d'approfondir certains aspects liés aux personnage, à l'histoire. En respectant bien évidemment la nouvelle, le réalisateur s'autorise à prendre certaines libertés et à faire de ce film une œuvre propre et différente. La question sera de savoir si la qualité suit...Et pour vous donner une petite idée...La réponse n'est pas très rassurante.
Le langage littéraire de la nouvelle est retranscrit sous un langage cinématographique. Le film est fidèle, mais la fidélité n'est pas forcément synonyme de réussite. Adapter une nouvelle à travers un film d'environ 2h15 demande forcément d'importants ajouts et un gros travail de la part de Bertrand Tavernier...Il y a du bon dans ce qu'apporte le réalisateur mais aussi du mauvais. Parmi le bon, on pourra affirmer que le développement des personnages est beaucoup plus complet, ce qui permet de nous projeter encore plus pleinement dans l'ambiance. L'ambiance du film s'avère être colorée, paisible malgré le contexte historique de la guerre de religion qui fait rage à ce moment. Les premiers instants du film laissaient présager quelque chose de bien plus sombre que ce que l'on pensait mais l'action laisse place à la passion qui engendre l'histoire de la nouvelle et du film, ainsi tout devient plus beau, plus calme malgré les rebondissements qui surviendront tout au long du film. En effet, l'histoire de La Princesse de Montpensier est avant tout de l'ordre de la passion, de l'amour, mais aussi le danger. Ainsi, sous ces airs de film à l'esthétique bien soigné, bien beau, bien tranquille se cache la douleur d'amours impossibles, de jalousie et de colère. Bertrand Tavernier rend ces aspects bien trop simples pour y prêter quelconque attention, le rendu en est même bien trop niais. D'autant plus que les acteurs n'arrivent pas à convaincre excepté Lambert Wilson dans le rôle du comte de Chabanes, l'un des seuls personnages intéressants, attachants et réussis. Même si Gaspard Ulliel dévoilait une prestation loin d'être ridicule, son personnage est mal amené et bien trop vite expédié. Pour ce qui est du reste des personnages et des acteurs, on a du mal à trouver de l'attachement. On parlait d'ampleur dramatique face aux passions, malheureusement Bertrand Tavernier n'a su donner aucune émotion, aucune tension, aucun suspens...À vrai dire le film est bien vide. Les seuls séquences susceptibles d'être intéressantes sont les échanges entre le Comte de Chabanes et la princesse de Montpensier. Le Comte de Chabanes fait figure de grand sage aimant, d'un humaniste en quête de paix. Le jeu de Lambert Wilson montre bien la passion amoureuse qu'il ressent pour la princesse. C'est fâcheusement trop peu pour corriger les lacunes scénaristiques, techniques et narratives du film. C'est là qu'on se rend compte que tout ce qu'ajoute Bertrand Tavernier n'est pas forcément bienvenu. En effet, il ajoute de l'ennui, chose dont on pourrait grandement se passer. Si le film fait passer un message intéressant sur les relations amoureuses de l'époque qui étaient « classées » et « étiquetées », nous regrettons tout de même l'absence de férocité, de drame et de tension.
En conclusion, nous ne pouvons pas dire qu'il y a grand chose à dire d'exceptionnel sur La Princesse de Montpensier. Le spectateur se sent profondément ennuyé face à ce film d'une lenteur phénoménal, l'œuvre est plate, vide, sans véritable saveur et manque cruellement d'efficacité, et d'intensité. Si l'aspect fidèle et esthétique ( costumes, paysages...) réduit la déception, cela ne pourra pas sauver le film. Il y a pourtant du potentiel, mais la réalisation fait tâche.