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Pascal
159 abonnés
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4,0
Publiée le 25 juin 2022
La réédition en salle du premier film de fiction de Vittorio De Seta ( évidemment à ne pas confondre avec Vittorio De Sica ) permet de juger sur pièce du talent d'un cinéaste surtout connu au moment du tournage, pour ses qualités de documentariste.
Recourant au prétexte scénaristique d'un berger poursuivi par les carabiniers dans la montagne Sarde pour un crime dont il est innocent, De Seta porte son regard sur les conditions de vie archaïques, familiales et communautaires, la tradition de l'omerta, dans le sud de l'Italie et sur le destin tragique de la condition humaine.
Venant lui-même de la noblesse Sicilienne, De Seta connaissait parfaitement ce qu'il nous montre.
Ayant aiguisé son regard grâce à l'école du documentaire, De Seta parvient, malgré un scénario minimaliste, à veritablement captiver le spectateur.
Soutenu par une photo en noir et blanc superbe qui magnifie à la fois les visages d'acteurs non professionnels et les paysages arides de Sardaigne, " Bandits à Orgosolo" est une sacrée redécouverte !
Si le cinéaste n'eut pas une filmographie quantitativement très importante, la qualité de son premier opus est telle, qu'elle suscite forcement l'envie de la connaître.
Les aficionados du cinéma d'auteur ne laisseront pas passer le film sans le voir.
Le réalisateur accroche notre attention avec les moutons comme fil conducteur de ce drame taiseux et habité par la fatalité. Comme le dit le héros, sa vie n'est pas facile et elle ne va pas le devenir ici. Il y a cette transhumance forcée, la fuite forcenée et la fierté aussi de ne pas vouloir perdre surtout quand on est innocent.... Le côté documentaire aussi est très intéressant et la région semble somptueuse. Beau film.
Film italien de style néo-réaliste : comment on devient un bandit en Sardaigne. Une belle réalisation de Vittorio de Seta, techniquement parlant : décors naturels, acteurs non professionnels, belle photographie en noir et blanc ; maintenant le scénario présente un schématisme trop fort, même si cela peut être une réalité dans les faits divers en Sardaigne. Un premier mensonge entraînant toute la suite, de plus la présence d'un jeune garçon ajoute au drame personnel du héros du film. C'est une sorte de tragédie qui peut paraître fabriquée pour les besoins du film. J'ai vu ce film il y a 50 ans, et on peut dire qu'il n'a pas vieilli.
Oeuvre grandiose ( Pour moi un des plus beaux films de l'année, parmi la centaine vue en 2022 ), de Vitorio DeSeta, dans son noir et blanc magnifique, et le minimalisme évocateur de la mise en scène. Il nous replonge dans les affres de ces années de misère qui sévissait encore dans beaucoup de régions reculées, comme la Sardaigne. Ça n'est pas si loin les années 60. Deux générations de 30 Glorieuses effrénées ont suffi à nous faire oublier que beaucoup de gens vivaient si misérablement, selon des règles ancestrales, il n'y a pas si longtemps encore.... Le fatum, implacable, s'abat sur ce qu'on peut appeler ici le lumpenprolétariat paysan, le maintenant dans une détresse sans fin, sans aucun recours possible de la part de qui que ce soit. Á l'époque on ne se permettait pas d'exiger de l'État: on le subissait comme un avatar de plus que la Nature infligeait aux "gens de peu", au même titre que la sécheresse, les épidémies ou la guerre. La légende du "bandit sarde" trouve ici son illustration, notamment celle de Giovanni Corbeddu dans les années 1880. Magnifiques paysages à couper le souffle, sublimé par le noir et blanc, Nature âpre, aride, qui ne pardonne pas les faux pas, tant au propre ( le père du berger en a fait les frais ) qu'au figuré. Comme une tragédie grecque, le berger, pris dans un imbroglio judiciaire qu'il ne maîtrise pas, sera amené à commettre à son tour ce qui l'avait pourtant mené une première fois à sa perte, comme un cercle vicieux infernal. Implacable et magnifique. Hélas pour ce chef d'oeuvre si éloigné des "blockbusters" hollywoodiens, nous n'étions que six dans la salle.... Hélas ou tant mieux, d'ailleurs...