Ne cessant jamais une seule seconde d’orchestrer l’arrivée de nouveaux héros pour densifier la structure des prochaines phases de son univers cinématographique étendu, Marvel rameute cette fois les Éternels, créés par Jack Kirby en 1976, des surhommes qui protègent l’espèce humaine depuis les origines pour le compte d’une mystérieuse entité supérieure. On reconnaît dans ces personnages les traits et les caractéristiques de certaines divinités du passé, et il est plutôt amusant de les voir opérer à plusieurs périodes charnières de l’histoire humaine (Babylone, la conquête des Amériques,...). Une fois n’est pas coutume, bien aidé par une durée plus conséquente que la moyenne, une superproduction introduisant de nouveaux personnages ne se cantonne pas à un arc narratif “Origins’ mais déploie une bonne partie de la mythologie qui entoure ces superhéros, les confronte directement à des enjeux aux proportions cosmiques et s’achève prudemment sur la possibilité ou non de les ré-employer en fonction de leurs résultats au box-office. C’est peut-être pour faire oublier leur statut de “personnages secondaires” de la galaxie Marvel que ‘Les Eternels’ fait preuve d’une ampleur narrative inhabituelle, et sans doute pour la même raison que la réalisation a été confiée par Chloé Zhao, étoile montante du cinéma indépendant dont l’apport spécifique demeure cependant aussi succinct que celui de n’importe quelle forte tête devenue un salarié obéissant à la solde de Kevin Feige. Dans le même genre, il y avait d’ailleurs cette autre (coûteuse) adaptation de Comics qu’était ‘The old guard’ sur Netflix mais…rien à faire, dans tous les domaines, “Marvel studios do this better”. D’ailleurs, il devient compliqué de former autre chose qu’un avis unique, toujours le même, sur les dernières productions Marvel : si un incident de parcours est toujours envisageable - le second “Docteur Strange”, même s’il était davantage inférieur aux attentes que réellement foiré - la plupart du temps, on découvre des personnages peu connus dans un film qui claque visuellement servi par un scénario ni très original ni très intelligent mais parfaitement fonctionnel. On voudrait se plaindre que des films aussi friqués pourraient quand même proposer un peu mieux que ce genre de calibrage extrême de ton et de forme mais au final, justement du fait de ce calibrage peut-être, on a passé un moment tout à fait agréable, sans jamais être vraiment stimulé ou dérangé dans ses certitudes, mais tout à fait conforme à ce qu’on en attendait, qui ne suscite dès lors ni déception ni surprise : c’est la certitude de passer une soirée honnête plutôt que la possibilité, de plus en plus rare, d’en passer une exceptionnelle. A chaque nouveau film, Marvel ressemble de plus en plus au McDo du cinéma : on a beau savoir qu’on est en droit d’aspirer à mieux, on y reviendra toujours parce que c’est simple, vulgairement bon et qu’on ne sera jamais surpris du résultat.