Chloé Zhao chez Marvel ? On se demandait bien comment le mariage de l'éléphant et de la colombe allait se passer... Les Éternels est la réponse : un produit informe, pas totalement déplaisant (il y a de bonnes idées), mais qui se plante royalement en d'autres points (notamment le scénario qui nous a fait lever les yeux au ciel plusieurs fois). Parmi les bonnes idées, on trouve celle de faire un film tellement "woke" (qui défend les minorités) à l'extrême, que cela passe : on ne peut pas dire "ils ont casé au forceps un... juste parce qu'il le faut", car ici, TOUS les personnages sont des minorités. Dans ces 10 héros, on compte déjà un joli 50/50 entre hommes et femmes (youpi !), parmi lesquels un typé indien, deux typés asiatiques, un noir gay (oui, parce qu'on peut cumuler), une typée hispanique... Plus c'est énorme, plus cela passe. Et cela permet aussi de donner leur chance à des acteurs que l'on ne connaît pas forcément par cœur, on aura simplement reconnu Richard Maddden dit le "Bodyguard" (si vous n'avez pas regardé cette mini-série : foncez), Ma Dong-Seok dit "le mari dans Le Dernier Train pour Busan" et Barry Keoghan dit "le petit jeune de Chernobyl"... Autant dire que l'on est loin des vedettes à cachets monumentaux, et ces nouveaux visages nous ont fait un bien fou. On dira aussi qu'on a aimé le côté parfois très "concept art" des plans, qui ressemblent à de belles esquisses dessinées soigneusement, qui nous en font prendre plein les yeux. Maintenant, après le casting osé et le bel emballage, on ouvre un paquet qui contient un scénario ultra-bordélique (excusez le mot) : des flashbacks sans aucune transition qui nous font souvent perdre le fil de l'histoire, ou tellement long (le premier, au début) qu'on n'est même plus sûr qu'il s'agit d'un flashback. Il y a aussi bon nombre de scènes incohérentes (
la gamine qui essaie de tuer Sersi mais qui lui donne son pouvoir juste après "parce qu'elle était obligée"... Mmmm, vraiment ?
) ou risibles (
Druig qu'on a laissé mort enterré dans le sable, et qui revient par-derrière la méchante, sortant de nulle part, avec un gros caillou... Et qui dit "Je ne peux pas le faire, fais-le toi"... Mais pourquoi ne peut-il pas le faire, sinon à céder sa place de façon maladroite à l'héroïne du film, le scénario semblant ne pas avoir trouvé mieux comme justification...
) ou encore carrément cuculs (Ikaris qui
épargne sa bienaimée en se rappelant ses bons moments avec elle, les yeux larmoyants
... Oh, pitié...). Et enfin, on se demande où était Chloé Zhao, car à part un ou deux plans sur les 2h35 (longues, surtout quand Ikaris et Sersi content fleurette : in-fer-nal !) des Éternels, on ne peut pas dire qu'on ait remarqué une amélioration notable dans la mise en scène (surtout les grands espaces, sa prédilection, quelle déception !), mais certainement n'avait-elle pas les brides si lâches que Marvel voulait bien le faire croire... Bref, Les Éternels possède quelques plans proches de jolis concept arts et un casting rafraîchissant, et a le bon goût de ne pas nous servir d'humour puéril (pour une fois !), mais nous a perdu avec son scénario bancal et parfois un brin ridicule.