Décidément après Le Cirque de Chaplin, La porte du paradis de Cimino et maintenant Playtime en ce moment je collectionne les chef d'œuvres maudits soit parce qu'ils ont eut un tournage difficile ou ont été des bides monumentaux ou les deux. Pour Playtime c'est les deux. Avec Playtime Tati réalise le film le plus ambitieux de sa carrière et probablement l'un des films les plus ambitieux du cinema français: le tournage dureras 3 ans, Tati feras construire une mini-ville (deux vrais immeubles seront construit, une route, et plusieurs morceaux de décors assez conséquent). En plus du gigantisme du décors Tati décide de filmer en 70 mm donc un écran très large qu'il pourras saturer de détail, pour proposer une expérience cinématographique inédite. Le perfectionnisme de Tati sur ce film pourrait renvoyer Stanley Kubrick au rang d'un aimable amateurs, il est allé jusqu'à retourner a la fin du tournage, des plans mis en boite au tout début du tournage parce que le cadrage ne le satisfaisait pas (son équipe technique le surnommé Tatillon). A sa sortie le film est un échec commercial total qui ruineras le cinéaste lui feras perdre les droits de ses films et même si il pourras réalisé Traffic et Parade il ne retrouveras jamais son indépendance et ne recevras jamais l'aide dont il aurait eut besoin.
Playtime est donc un film légendaire que j'avais déjà vu il y a longtemps et que je n'avais pas vraiment apprécier (malgré mon immense admiration pour Les vacances de monsieur Hulot et Mon oncle) probablement parce que j'étais trop jeune , en effet même si elles étaient relativement minimaliste Mon Oncle et Les vacances de monsieur Hulot possédait une trame narrative plus ou moins développé et surtout Monsieur Hulot était toujours un personnage très présent auquel on pouvait s'identifier, ici il n'est plus qu'un fil conducteur assez mince et il partage ce rôle avec une touriste américaine. Quand a la trame narrative il n'y en a tout simplement aucune, une série de tableau illustrant la vie dans une grande ville moderne (en l'occurrence Paris) traversé par monsieur Hulot et par une touriste américaine qui voyage en groupe.
On dit souvent que Tati est un critique de la modernité, effectivement la vision des box d'entreprise, des appartements/aquarium qu'on peut observer depuis la rue et la grisaille de ces immeuble moderne donne une image glaçante de la dite modernité et pourtant Tati éprouve une véritable fascination esthétique pour cette modernité, faisant de chaque plan un univers de couleur, de ligne, de courbe et de formes géométrique, ce qui fait de Playtime un objet d'art abstrait, un film avant gardiste et presque expérimentale. En plus de cette fascination esthétique jamais Tati ne cède au désespoir ou a l'aigreur, car même si il épingle les dérives et la déshumanisation de cette société il ne perd jamais de vue son humour burlesque et décalés et surtout le final est rempli d'espoir et d'humanisme. Les formes grises, strictes et impersonnelles de l'aéroport et des bureaux se diluent petit a petit au fur et a mesure que l'on avance dans le film les ligne rigide devenant de plus en plus courbe jusqu'à culminé dans la scéne du royal garden restaurant chic qui ouvre ses portes alors que toutes la bonne bourgeoisie s'y est donné rendez vous, ce beau monde va perdre de son allure guindé emporter par le jazz dans une danse effrénés tandis que le restaurant va semble presque s'autodétruire: une partie du plafond s'effondre, les costumes des serveurs se déchire (et les serveurs n'ont pas de formation hôtelière), Hulot brise la porte de verre du restaurant et n'importe qui peut rentrer finalement la soirée s'achève dans un grand éclat de rire et de joie ou les distinction sociale semble s'être totalement effacé. Cette scéne est pour moi porteuse d'un véritable espoir quelques soit la rigidité des règles et des carcans qu'on lui impose l'homme seras toujours en mesure de s'en libérer.
Voila donc Playtime est un chef d'oeuvre absolu, un film absolument merveilleux, une des choses les plus ahurissantes et les plus inventives que l'on est jamais vu dans le cinema français (parlant bien sur, il y a aussi Le Napoléon d'Abel Gance), une création plastique qui lorgne du côté de l'abstraction, un univers sonore absolument fascinant ou le dialogue n'est qu'un bruit d'ambiance comme un autre, pas toujours distinct et rarement utile. Et un monument de burlesque et tout simplement un des plus grand film de tous les temps et un des films préférés de David Lynch.