Voir Playtime rue de Rennes, à l'Arlequin, ancien cinéma Le Lux Rennes, puis Le Cosmos, mais rebaptisé l'Arlequin par Jacques Tati, lorsqu'il en était le propriétaire. Donc, voir l'univers de Plattime, où tout paysage est soumis à la relativité de l'angle de vue. un monument surgit d'un reflet capté dans l'ouverture d'une porte ou du fait de l'inclinaison d'une baie vitrée. Le verre est transparent, il peut aussi refléter, on peut s'y mirer ou y apercevoir l'autre inaccessible. La rencontre n'est jamais gagnée chez Tati, on se cherche beaucoup, on arpente l'espace à la recherche d'une possible rencontre. Le temps défie l'espace. Dans Playtime, les clones de Mr Hulot prolifèrent. Au Royal Garden, qui ouvre alors que les travaux sont inachevés, ce sera "jour de fête", une atmosphère débridée, due au génie d'un richissime américain, qui transforme les catastrophes, en délimitant un nouvel usage de l'espace. Mr Hulot rencontre une femme, ils vont danser ensemble, s'amuser, mais le cadeau, qu'il lui destine ne pourra lui parvenir qu'au travers d'un messager, tandis que Mr Hulot reste prisonnier des obstacles matériels. Sa poésie créatrice de tourniquets reste impuissante face au service d'ordre incarné par le vigile de la caisse. Il y a aussi les copains de régiment, qui le hèlent lorsqu'ils le reconnaissent, car Mr Hulot est reconnaissable, mais ce n'est jamais lui, qui reconnait l'autre. Mr Hulot est reconnu, lui se perd, erre, circule toujours à la recherche, toujours prêt à s'étonner de l'usage du monde et des objets, qui le constituent. La lumière joue aussi un grand rôle dans ce film, les lampadaires d'Orly, l'enseigne lumineuse du Royal Garden, le O, qui s'éclairant, illumine la tête du prêtre... On rit aussi beaucoup, les gags empruntent au burlesque, mais le détournement contextuel est aussi nourri de poésie. Courrons voir Tati, c'est un ovni dans l'univers cinématographique!