The Murderer est le second long-métrage de Na Hong-jin, après The Chaser, très prometteur. On note au passage la parenté (et la banalité) des titres pour l'exploitation en France, ainsi que la parenté visuelle pour les affiches. Le jeune cinéaste sud-coréen confirme ici qu'il est un as de la réalisation. Sa caméra, vive et mobile, suit les mésaventures du personnage central avec une énergie folle. Le dispositif mis en place pour les courses-poursuites est impressionnant et le résultat, très spectaculaire. Un montage rapide et une musique bien stressante accentuent encore l'intensité dramatique, qui ne faiblit pas durant 2 h 20. Bref, on ne s'ennuie pas. Quant à la mise en scène de la violence, elle est hyperbolique et presque déréalisée : ça cogne, ça tranche, ça trucide dans tous les sens. Les personnages y vont furieusement, à coups de poing, de couteau, de hache ou d'os... Ça défoule et c'est assez drôle parfois.
Sur le fond, le scénario de The Murderer reprend quelques éléments déjà présents dans The Chaser : couple chasseur/chassé, policiers maladroits et ridicules, etc. On peut regretter qu'il ne s'inscrive pas plus dans le cadre de la préfecture de Yanbian que l'on découvre dans ce film : un territoire de misère et de trafic, délaissé et méprisé par la Corée du Sud. Cela dit, l'histoire est moins stéréotypée que celle de The Chaser, c'est un bon point. Mais elle est davantage tirée par les cheveux. Il faut accepter de nombreuses invraisemblances (un héros particulièrement résistant, des véhicules toujours disponibles, le commanditaire d'un assassinat laissant sa carte de visite professionnelle à deux tueurs à gages...), jusqu'à une résolution d'intrigue peu évidente. Heureusement, il y a cette touche d'ironie tragique, à la toute fin, qui nous ramène à la réalité, cruelle.