Une enclave coréenne en Chine peuplée d’immigrés pauvres et exploités par une mafia locale. Poussé par le désir de revoir sa femme qui ne donne plus de nouvelles, un chauffeur de taxi accepte de devenir tueur pour le compte d’un baron local, qui l’envoie à Séoul pour une exécution sommaire..
Encore un film coréen, une semaine après le génial J’ai rencontré le diable. Le genre est le même, mais le style est radicalement différent. Le réalisateur Na Hong-Jin confirme en tous cas tout le bien qu’on pouvait penser de lui après son premier film : comme dans The Chaser, The murderer combine à la fois un scénario à tiroirs surprenant, une grande maitrise formelle et une utilisation idéale de la ville de Seoul comme terrain de jeu.
Le film démarre pourtant de manière assez posée, dans la description d’une vie de misère, d’un homme perdu qui passe tout son argent dans les jeux et qui désespère d’avoir des nouvelles de sa femme. Le rythme s’accélérera une fois en Corée, d’abord dans la préparation scrupuleuse du meurtre, puis dans une poursuite haletante, pour ne plus nous lâcher jusqu’à la magnifique scène finale. Du rythme et de la violence donc, mais aussi du style, beaucoup de style. Dans la manière de filmer des séquences de poursuite épatantes à l’aide d’un découpage frénétique et brillant. Dans la précision horlogère des repérages avant le meurtre. Dans la peinture d’une ville en ébullition, décor idéal pour un polar nerveux. Et derrière le style brillant, un film noir, violent, à peine teinté parfois d’une pointe d’humour. Peu de coups de feu, mais un festival de coups de hache, de couteaux, de bâtons et même d’os. C’est une telle somme de violence et de confusion que le film en devient parfois difficile à suivre.
Encore mieux, The murderer n’est pas « seulement » un polar, c’est aussi plus que cela, dans la description de la pauvreté ou des épreuves subies par les réfugiés, ou encore dans cette histoire d’amour impossible qui se trame au second plan et qui revient sans cesse dans le récit comme un refrain…
Mais si le réalisateur a fait fructifier les qualités de son premier long-métrage, il en traîne malheureusement les défauts. Le film est long (2h25) là où il gagnerait à être concis. Il se dilue parfois là ou il gagnerait à être dense.
Et encore une fois, même si l’on a parfois eu l’impression d’assister à un tour de force, le film perd parfois en cohérence et n’est pas exactement le parfait polar qu’il aurait pu être. Mais il vole déjà très haut.