Avec son univers Star Wars, George Lucas a bâti sa fortune sur ce qui est aujourd’hui devenu comme l’un des empires culturels commerciaux les plus importants de tous les temps, ses films ayant été adaptés sous divers produits dérivés allant des jeux vidéo aux figurines de jouets, en passant par les livres et les objets du quotidien. Un constat qui agace bon nombres de fans, qui voient en cela la perdition d’une grande œuvre, notamment survenue avec la prélogie (et qui va, pour eux, s’enfoncer un peu plus avec les projets annoncés par les studios Disney). Je dirai juste d’attendre de voir ce que va faire J.J. Abrams avec le septième film avant de critiquer. Mais je dois bien avouer que niveau commercial, même si j’apprécie la prélogie, la sortie de The Clone Wars au cinéma est la preuve flagrante que Star Wars n’est plus qu’une machine à fric.
Avant de commencer, il faut savoir que Star Wars : The Clone Wars n’est, à la base, pas un long-métrage. Juste l’envie de son créateur de perdurer l’aventure (et la gloire) sur le petit écran, en mettant en place une nouvelle série animée portant sur l’épisode tant fantasmé des fans : la Guerre des Clones. Et que ce film, en réalité la fusion des 3-4 premiers épisodes de cette série, n’est sorti en salles qu’en tant que rampe promotionnelle pour inciter les spectateurs à la suivre à la télévision. Autant l’ambition commerciale est bien là que celle cinématographique se retrouve totalement absente du projet. Car ce qui est destiné à posséder le statut de série télévisuelle n’a nullement la carrure ni la structure pour sortir dans une salle de cinéma.
Déjà du point de vue scénaristique : The Clone Wars se sert d’un simple prétexte (les Jedis devant retrouver le fils de Jabba le Hutt, kidnappé pour les besoins d’un complot) comme squelette d’écriture dans le but d’enchaîner les décors et les séquences de batailles, ni plus ni moins. Sans vouloir exagérer, le film se construit de la manière suivante : un lieu, une action, dénouement de celle-ci, puis rebelote, le tout saupoudré d’un humour enfantin qui fait rarement mouche ! Un schéma qui se répète ainsi au moins trois fois, révélant ainsi la délimitation des épisodes qui ont été choisis pour composer ce long-métrage. Du coup, nous nous retrouvons avec un divertissement certes efficace (on ne s’ennuie pas avec toutes ces combats et explosions) qui saura réjouir un minimum les fans avec les bruitages, personnages et designs typiques de la franchise (sauf la bande-originale : thèmes de John Williams inexplicablement modifiés, des musiques à la limite du rock…), mais tout simplement sans âme car n’ayant aucun enjeu à proposer ni d’intérêt à revendre. La faute à des personnages survolés au possible, comme celui d’Ahsoka, anecdotique au possible dans ce film alors que sa présence pourrait enfin prendre son envol dans le reste de la série, et à un manque d’histoire flagrant qui aurait donné du corps à l’ensemble.
Et puis l’animation… Encore une fois, The Clone Wars est à la base une série télévisée et le visuel se montre de bonne facture pour ce genre de support, assez fluide et dynamique pour garantir le spectacle. Sans compter que le procédé de l’animation permet de proposer au public des séquences assez démentes (
ici la bataille à la verticale
) mais bien trop onéreuses pour le budget d’un film normal. Mais à côté des pépites que nous livrent sans cesse les studios Pixar, DreamWorks et Blue Sky, l’aspect visuel de The Clone Wars fait vraiment pâle figure face aux mastodontes du genre : les personnages sont grossièrement représentés, l’ensemble n’est pas vraiment détaillé, l’animation se montre plutôt maladroite… Encore une fois, c’est un constat qui serait passé comme une lettre à la poste à la télévision, mais au cinéma, la pilule a dû mal à être avalée.
Attention, je ne dis pas par cette critique de ne pas se pencher sur la série TV. Pour preuve, le film m’a amusé ne serait-ce qu’un minimum et m’a donné envie de suivre cette dernière, que je trouve pour le moment assez sympathique. Mais personnellement, cela m’aurait fait mal d’aller voir un tel produit commercial dans une salle alors que je pourrais tranquillement le visionner chez moi. Les longs-métrages live, malgré les critiques de certains, avaient le mérite d’en mettre plein la vue et de prodiguer d’intenses sensations. Là, c’est juste amusant, sans plus. Et commercial avant tout !