Difficile de parler du nouveau Ken Loach pour ce qu'il n'est pas, ce qui, à mon humble avis, a été fait un peu partout dans la presse mondiale. On peut respecter le bonhomme, sa filmographie (assez impressionnante et passionnante, il faut le dire), et même apprécier cette sympathique escapade pour ce qu'elle est ; un film léger, enlevé, agréable. Le problème, c'est que Ken Loach a fait si fort auparavant ("Sweet Sixteen" reste, de par sa puissance, gravé dans la mémoire collective), qu'il n'y a ici plus trop de place pour aimer comment on aurait voulu l'aimer cette parenthèse divertissante, mais très clairement mineure dans l'oeuvre politique et enragée du cinéaste britannique. Tout commence par un questionnement majeur et intriguant ; que fait Cantona ici? Que Loach aime le foot, soit, qu'il aime Cantona himself, soit, mais la réduction de son personnage (lui-même) et l'inutilité totale de sa présence dans le scénario reste un mystère complet. Ken Loach serait-il tributaire des envies basiques d'un public peu exigeant? Doit-il rentabiliser qu'il lui a fallu choisir la bouille sympathique, mais incongrue, du grand footballeur? Non pas que sa présence soit désagréable, car en bon vivant qu'il est, Cantona a un charme du midi qui transperce l'écran, mais à l'image de Johnny chez Johnnie To dans "Veangeance" (en bien mieux ceci dit!), on voit difficilement d'où vient soudainement cet engouement qui paraît dès lors artificiel et existant seulement pour viser un public plus large. Le côté faux de "Looking for Eric" perturbe alors toutes les bonnes choses de Loach que l'on retrouve ici, notamment ce thriller social qui survient au milieu du film, haletant, allant jusqu'à une scène tout à fait croustillante et drôle de massacre d'une maison par mille sosies masqués de Cantona. On ne peut s'empêcher de se dire, à la fin de la projection, que malgré les quelques jolis moments esquissés avec le roi du ballon rond, celui-ci n'apporte rien au film, pour ne pas dire qu'il lui en