Eric, dans une tentative folle et inconsciente de se tuer, fonce sur les routes anglaises, et fait plusieurs fois le tour d'un rond-point, en sens inverse. Depuis qu'il s'est séparé de Lilly, il ne tourne plus rond, et ses amis le voient bien. Postiers pour la plupart, comme lui, ils débordent d'amitié, et tentent de l'aider, de le faire rire. Mais Eric est à bout, ne tient pas le rythme des lettres qu'il trie, n'arrive plus à se faire aimer ou respecter de ses deux beaux-fils. A l'un d'eux, il pique l'herbe que l'adolescent planque sous le plancher de sa chambre, et la fume en parlant à son héros, à Eric Cantona, affiché en grand sur son mur. C'est lors d'une de ces discussions solitaires que Cantona lui répond, en chair et en os et en français. Eric, poussé par son homonyme, lui raconte, se raconte, et revoit sa vie par flash-backs, sa vie avec Lilly. Des années et des années de séparation, mais il n'a toujours pensé qu'à elle. Eric, poussé, possédé par Cantona, se reprend en main, surmonte sa peur de revoir l'amour de sa vie, la mère de leur fille devenue grande, et maman.
Alors, Ken Loach ferait dans le drame amoureux, en oubliant le social? Non, car le réalisateur place Eric dans sa ville, dans sa poste, dans son bar, au milieu de ses amis fidèles, tous pris par la même fièvre du football, puissant catalyseur de leurs émotions et éternel sujet de toutes les conversations. Ses amis soutiennent Eric, qui reprend son rôle de père, quand son fils se met dans une situation dangereuse. Il reprend sa place dans sa famille, et relève la tête au milieu de ses amis. Ces derniers se serrent les coudes pour lui. Le football, pour ces gens pas trop riches, c'est un brin de rêve, de fierté, et aussi un acteur de la vie politique. Ken Loach met les beaux-fils d'Eric dans la situation de jeunes, presque délinquants, mais pas tout à fait perdus encore. La voilà, la situation sociale. Voilà une micro-société dépeinte, dans toute la force de son optimisme.
Ce contexte s