Pour la réalisation de son long-métrage Jane Eyre, Cary Fukunaga s'est inspiré de l'épopée Tess avec notamment Nastassja Kinski, et réalisée par Roman Polanski. Certains plans rappellent intensément l'atmosphère du chef d'œuvre victorien du réalisateur de Rosemary's Baby, en exprimant un maximum d'émotions à l'aide d'un minimum d'images.
Pour cette adaptation, le cinéaste Cary Fukunaga a vraiment souhaité mettre en relief la dimension féministe qui se dégage du roman de Charlotte Brontë. Jane Eyre traduit ainsi le désir d'égalité hommes-femmes en termes de politique, d'éducation, etc. On y met en avant l'idée qu'un même cœur et un même esprit anime aussi bien les femmes que les hommes. Que celles-ci ne se limitent pas à préparer des puddings, à tricoter des bas ou encore à jouer du piano. C'est l'illustration de la soif de reconnaissance du caractère émotionnel de la femme, de sa soif d'émancipation.
Pour cette 18e adaptation du roman classique de Charlotte Brontë, le réalisateur Cary Fukunaga a choisi de prendre une tangente plus sombre et gothique que les précédentes. Pour représenter Thornfield, la propriété du mystérieux et riche Edward Rochester, le cinéaste a utilisé Haddon Hall, dans le Derbyshire en Angleterre. Si l'endroit a également été utilisé pour tourner d'autres adaptations de Jane Eyre, on y a accentué cette fois-ci l'atmosphère lugubre des lieux. La maison revêt pour cette nouvelle mouture des allures de maison hantée, rendant l'ensemble plus sinistre que jamais. Le scénario met ainsi l'accent sur les éléments noirs et glaçants du récit original. En résulte une ambiance inquiétante, voire étouffante. Pour rendre compte de ces impressions, le directeur de la photographie Adriano Goldman a opté pour une atténuation des couleurs pour donner aux protagonistes un ton pâle, grisâtre.
Pour représenter au mieux à l'écran l’ambiance gothique du film, plusieurs scènes ont été éclairées exclusivement à la lumière de flammes de bougies ou de feux de cheminées.
La vedette de Juno et Inception Ellen Page devait au départ jouer le rôle principal de Jane Eyre, mais comme le tournage a été retardé, le rôle est finalement revenu à Mia Wasikowska.
A l'inverse des nombreuses adaptations du livre de Charlotte Brontë, c'est une actrice proche de l'âge de Jane Eyre, l'héroïne du roman, qui a été retenue pour le rôle. A la suite des auditions, le réalisateur Cary Fukunaga a jugé que la comédienne Mia Wasikowska serait capable d'exprimer l'intelligence et le sens de l'observation de son seul regard. Ce, tout en parvenant à faire fi de son physique, comme il sied à la retenue de son personnage. D'où la nécessité pour celle-ci de réussir à faire transparaître à la fois force intérieure et vulnérabilité dans une économie de mots et de gestes.
La contribution de l'actrice Mia Wasikowska au casting de Jane Eyre résulte de son précédent rôle dans Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton. Cette expérience l'avait en effet amenée à lire quelques classiques, dont To Kill a Mockingbird (Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur) de Harper Lee, 1984 de George Orwell ou encore Jane Eyre. Enthousiasmée dès la lecture des premiers chapitres du roman de Charlotte Brontë, elle n'hésita pas à se proposer pour le rôle.
Pour le rôle de Rochester, le metteur en scène Cary Fukunaga a longuement médité afin de savoir pour quel acteur il opterait. Finalement, il est arrivé à la conclusion que si Michael Fassbender n'était pas le comédien dont le physique collait le mieux au personnage, sa personnalité convenait quant à elle parfaitement au rôle.
Le cottage qui a servi au tournage de Jane Eyre se situait dans un lieu si isolé qu'il n'y avait aucun réseau cellulaire là-bas. Un membre de l'équipe devait donc rester en permanence auprès d'une cabine téléphonique au cas où l'équipe ait besoin de quoi que ce soit. Cependant, il ne s'en plaignait pas, étant donné que les locaux le fournissaient en thé et biscuits tout au long de ses journées !
Lors du tournage de la scène suivant le mariage de Jane et Rochester, la production a dû être interrompue à plusieurs reprises à cause des bretelles de Michael Fassbender qui ne cessaient de se rompre.
L'œuvre de Charlotte Brontë ne cesse d'inspirer les cinéastes. On recense pas moins d'une vingtaine d'adaptations cinématographiques et télévisuelles parmi lesquelles la version de Robert Stevenson en 1944 avec Orson Welles, celle de 1996 avec Charlotte Gainsbourg et William Hurt mais aussi Vaudou (1943) de Jacques Tourneur dont le producteur Val Lewton revendique la parenté avec le roman anglais.
A la mise en scène de cette nouvelle adaptation de Jane Eyre, on trouve Cary Fukunaga, réalisateur de Sin Nombre, récompensé dans de nombreux festivals, dont celui de Sundance en 2010.
Cette adaptation est écrite par Moira Buffini, scénariste de Tamara Drewe.
On peut entendre au début de la bande-annonce la musique du film Suspiria (Dario Argento), composée par les Goblin.