En adaptant Jane Eyre, Cary Fukunaga doit s’affranchir des précédentes représentations du roman de Charlotte Brontë. Essai relativement bien réussi tant le réalisateur apporte une certaine teneur à l’œuvre et dont les deux comédiens principaux, Mia Wasikowska et Michael Fassbender, offrent une interprétation habitée de Jane Eyre et de Rochester. Sans que le film soit une parfaite réussite, Fukunaga met en scène une adaptation terne mais soignée.
Sous les brumes du Derbyshire, Fukunaga s’attache le plus fidèlement possible à adapter le roman de Charlotte Brontë, sa mise en scène enrobée d’une photo terne et laiteuse, se veut simple et académique. Bien aidé par Moira Buffini (abonnée aux adaptations), le réalisateur reste très fidèle à l’œuvre originale. Il insuffle à sa mise en scène ce que l’espace littéraire pouvait procurer à la lecture du texte de Brontë.
Tout est mis en œuvre pour contribuer à ce ressenti. Les costumes soignés et sobres, les décors que l’on s’imaginait tels quels. Et cette ambiance d’automne éternel que la photo d’Adriano Goldman rend très naturaliste, presque pessimiste, comme un personnage environnant, essentiel à la force de l’histoire. Certes, cet ensemble d’éléments rendent une adaptation fidèle de l’œuvre mais en contrepartie tout est inscrit dans une ambiance romanesque grise, ornée de secrets.
La mise en scène de Fukunaga ne laisse donc jamais passer de réelle « lumière » de fond et de forme. Les rares expositions positives seront mises en scène de façons soignées mais brèves, proche d’un académisme propre à ce genre d’adaptation. Cette fidélité amène donc le film vers une note dramatique surlignée et qui sur près de deux heures peine à trouver des respirations. Seul point en demi-teinte, tant tout cela est inévitable si l’on désire être fidèle à l’œuvre, sur le plan de la mise en scène comme du scénario.
Concernant le délicat choix de casting, l’inconscient collectif à une tendance naturelle à projeter une image objective lors de la lecture d’une œuvre, le choix de Michael Fassbender en riche propriétaire anglais est parfait et Mia Wasikowska semble être habitée par son rôle.
Le choix qui, à priori pouvait paraître étonnant de choisir Mia Wasikowska s’avère très judicieux voir même évident au fur et à mesure que la comédienne prend corps avec son personnage. Un parfait équilibre de douceur, de fragilité et de pureté. Son amour pour Rochester, personnage pris en main par le charismatique et doué Michael Fassbender, est alors comme une évidence, l’attachement aux deux personnages est immédiat tout comme le naturel que le duo formé peut dégager.
Sans pourtant rougir, Jamie Bell, s’avère être un tant soit peu en dessous et peine à sortir son épingle du jeu. Il semble plus faire partie de l’œuvre pour étoffer le casting que par son réel apport à l’ensemble du métrage. Peu importe tout ceci est anecdotique. Quant à Judi Dench, c’est comme à chaque fois un plaisir de la voir de présence naturelle.
Par un casting parfait des deux rôles principaux et une mise en scène impliquée, direction d’acteurs comprise, Cary Fukunaga donne un très bel exemple de ce que peut être une adaptation soignée. La notion de fidèle sera bien sûr propre à chacun, selon le regard posé avant tout sur l’œuvre littéraire.
Fidèle adaptation de l’œuvre de Charlotte Brontë, le film se veut âpre, classique et d’une douce beauté enveloppante. La mise en scène de Cary Fukunaga associée à une très belle prestation de ses deux comédiens principaux fait de Jane Eyre un film recommandable pour ceux qui avaient apprécié l’œuvre.
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