Attention: film pas comme les autres. En effet, ce projet est né d'une collaboration assez audacieuse et inattendue entre Fidélité et Onyx Films, deux sociétés de production françaises que rien ne pensait rapprocher. La première a tenté, dans les années 2000, de renouveler le cinéma de genre, en visant notamment tous les tableaux pour des publics adultes, amateurs de sensations fortes, ce qui donna lieu à des avatars de genres cinématographiques que le cinéma américain a rendu populaire (remember "Un jeu d'enfants" ou "Promenons-nous dans les bois" dont les images résonnaient comme l'interprétation des limites de ce qu'on était capable de voir au cinéma). Tandis que la seconde a su montrer, en 2006, avec la superbe"Renaissance" que l'animation en motion-capture était tout aussi efficace partout ailleurs, même en France, et pas seulement qu'en Amérique. Depuis 10 ans, Fidélité s'était cassé les dents sur cette adaptation du roman de Bernard Lenteric, car elle souhaitait en faire un film pour les ados, pour qu'ils puissent ressentir les émotions procurées par le livre, mais il eTAIT d'une telle dureté psychologique, que l'idée d'en faire un film "live" n'était pas compatible avec lProe public visé. C'est alors qu'en 2007, ils eurent une solution miraculeuse: faire équipe avec Onyx Films, pour en faire un film d'animation, afin que cette dureté soit stylisée et rendue visible aux yeux des ados, notamment en engageant à la réalisation, un ancien Supinfocom, spécialiste des cinématiques des jeux vidéos. Ce qui explique donc ceci:The Prodigies est un film avec une histoire et un style de mise en scène, qui se rapproche d'un film de genre des années 2000, mais qui est déguisé en film d'animation où on reconnaît la patte informatique des jeux vidéos, et dont l'ensemble semble avoir été supervisé par la Warner en personne. Personnellement, je me dégoûte encore de l'échec qu'il a eu dès sa sortie. Certes, ce film aurait mieux fait sensation au début des années 2000, quand Fidélité lançait sa vague de films de genre. Certes, le livre a été banalisé à outrance (notamment la scène mythique de l'agression dans Central Park, réduit à quelques petits coups par-ci par-là). Mais il ne faut pas voir The digies, comme une adaptation parfaite du roman, mais plutôt comme une expérience visuelle, où le seul objectif est de ne nous jamais faire quitter la salle. En tant que cinéphile, c'est la plus belle claque que je me suis prise depuis "Avatar"! Ça ressemble à une machine américaine, mais c'est tellement génial: le réalisateur s'autorise tout et n'importe quoi pour nous accrocher sur notre fauteuil, notamment en usant et abusant de mouvements de caméra, de ralentis et autres figures stylistiques propres à une mise en images. Et si le scénario fera hurler les fans absolus de Lenteric, il a l'intelligence de redonner à ce roman, une toute nouvelle dimension, puisqu'il en efface la violence pesante et déprimante, pour se concentrer sur un aspect plus psychologique davantage plus percutant, que ne le laissait transparaître le roman (le dénouement est absolument incroyable). Ce film est la preuve irréfutable qu'on peut faire du cinéma en osant tout, sans limites ni contraintes, quitte à les dépasser sans jamais avoir peur: car ce type de films est ce que le cinéma attend vraiment pour continuer d'exister, et franchement, si ce type de projets pouvait continuer de se faire, je suis prêt à les soutenir, pourvu que ça dure.