La plupart des films d'animation français savent se démarquer avec un visuel mature ainsi qu'une construction narrative, morale et psychologique qui les éloigne d'autant plus de la production américaine, et dans ce cas The Prodigies ne fait pas exception. Adapté d'un classique littéraire de la science-fiction, le film surprend dès le début plutôt déconcerté par cette Motion Capture très différente de celle avec laquelle Robert Zemeckis (qui avait réalisé dans les années fin 80/1ère moitié années 90 les cultissimes Retour Vers Le futur), et bientôt Steven Spielberg (pour le prochain Tintin) est littéralement en train de faire joujou (voir les plutôt moyens La Légende De Beowulf et dernièrement L'étrange Noël De Scrooge), on est finalement impressionné par les effets d'ombres et de lumières, qui sont très travaillés, même s'il faut dire qu'au fur et à mesure le film "plonge dans l'ombre", au sens figuré comme au sens propre, (traduction) visuellement autant que dans l'ambiance. En effet, avant de voir ce film en sortie familiale, il faut tout d'abord savoir la noirceur de l'histoire, car, tout comme le livre, logique, puisqu'il en est l'adaptation (la logique avant tout !), dépeint un monde sale et d'une violence inouïe : le nôtre. Les cinq. Les enfants du titre, enfin, du titre du livre original, "La Nuit Des Enfants Roi", beaucoup plus explicite quant au contenu de l'oeuvre, vont subir toute les souffrances que l'homme peut infliger, à savoir viol, coups, insultes, maltraitance et autres avant de mener une vengeance fracassante grâce au pouvoir que leur donne l'utilisation de cellules grises jusque là jamais utilisés par un homme normal (c'est qu'ils en ont dans le ciboulot...), c'est-à-dire de pouvoir contrôler d'autre gens. Evidement, puisqu'il doit toujours y avoir un empêchement quand on prend la décision de se venger du monde dans lequel on vit (la vie est dure...), Jimbo, qui fut un enfant de la même espèce devenu adulte et ayant pris le contrôle de ses pouvoirs dévastateurs grâce à Charles, directeur de l'université où il travaille, qui fut d'ailleurs lui aussi un Enfant-roi (on va les appeler ainsi), va essayer de les arrêter, ce qui est en partie la raison pour laquelle il les a cherché durant des années. Là où le personnage est intéressant, c'est qu'à cause de l'apparition de ces cinq autres génies, il va souvent succomber à sa colère contre ce monde dans lequel il vit. Pour ce qui est des cinq enfants, et pour énoncer un premier défaut, autant dire qu'ils ne sont malheureusement pas assez soignés, certains étant presque éclipsés. Pour en venir au scénario, il a la qualité de se suivre facilement, même si il faut dire qu'on aura vu mieux, surtout avec un tel concept, mais bon, le spectateur est accroché durant tout le long du film, du moins s'il supporte la violence quasi-extrème du film, d'ailleurs puisque c'est l'heure de l'avertissement-qui-ne-sert-à-rien (un concept à faire breveter, non ?), on préfèrera déconseiller ce film aux âmes sensibles. De même, et plus sérieusement cette fois-ci, un autre point à signaler sur ce film est qu'il n'est surtout pas un film d'action, et ce malgré l'utilisation régulière du bullet-time et l'avant-dernière séquence qui joue tout de même dans le registre de l'action, et la violence de certaines scènes est plus psychologique : pas de geyser de sang, même si l'hémoglobine reste présente. D'ailleurs, pour rajouter un point du point de vue de l'esthètique, certaines aggressions sont en fond blanc et les aggresseurs représentés par des monstres, une très bonne idée qui rend ces scènes encore plus éprouvante, ce que nous voyons étant une sorte de métaphore de la vision de la victime. Enfin, pour ce qui est de la bande-son, rien de bien marquant, même si on pourra quand même remarquer le travail effectué dessus. Pour conclure, The Prodigies reste une très bonne surprise, tout en étant un OVNI, car sa violence, ses graphismes, ses personnages torturés et victimes de leurs différence avec notre société Son ton radical, font qu'il ne plaira sûrement pas à tout le monde. Conclusion : Dans le cinéma, on peut-être mécontent du fait que nous sommes en train de nous enfoncer dans un trou plutôt profond, mais surtout très content quand des petites perles comme The Prodigies arrivent dans notre cinéma national, comme un TGV futuriste en pleine campagne, même si au fond il n'est pas sanf défauts, loin de là : certains personnages centraux éclipsés, scénario ni trop bon ni trop mauvais qui mériterait peut-être plus de soin, mais un final qui arriverait presque à émouvoir. En tout cas, très bon film à reserver à un public mature.