The Prodigies a fait beaucoup parler de lui à sa sortie. Le renouveau de l'animation française, quelque chose de visuellement épatant, de jouissivement macabre ; un truc sombre et mature pour des yeux émerveillés. Et au vu de la bande-annonce, je voulais bien y croire. Des mois ont passé et l'effervescence initiale est retombée, je me suis donc apprêté à découvrir ce qu'il en était réellement, sans enthousiasme démesurée, avec le calme typique du spectateur méfiant.
J'avoue avoir eu très peur lors des premières minutes. Je me suis même demandé pendant quelques instants : « Est-ce que je rêve ou c'est aussi mauvais que ça ? ». Heureusement non, la suite ne fût pas aussi mauvaise que le laisser soupçonner l'incipit. Mais on ne peut pas renier que cette intro n'est pas symptomatique des faiblesses du film. C'est toute la construction narrative qui est maladroite, que ce soit le développement de l'intrigue, les personnages ou encore les dialogues. Car il faut préciser une chose : c'est un film d'animation pour adultes, et les images justifient d'elles-mêmes ce statut là. Cependant l'écriture n'est en rien mature, servant uniquement de prétexte à l'orgasme visuel.
On se retrouve donc avec quelque chose de sombre sur la forme et de niais sur le fond, comme si la cible privilégiée serait celle des ados, qu'on ferait baver devant les images et à qui on refilerait une morale en bois, à savoir qu'il vaut mieux aider ceux que l'on aime plutôt que combattre ceux que l'on déteste. Le thème du bien et du mal est revisité, mais au sein d'un même esprit. Rien de vraiment réjouissant de ce côté là, on reste dans quelque chose de tout à fait primaire et même parfois agaçant. On passe sur les facilités scénaristiques et on en vient au plus important, enfin au plus réussi, la seule chose qui nous a poussé à regarder le film en entier : l'aspect visuel.
On pourra concéder à la réalisation d'Antoine Charreyron un certain désir de grandiloquence et d'originalité. Il veut nous en mettre plein la vue tout en nous immisçant dans son monde retors et dérangé, et ça fonctionne. Des abus de loopings pourront crisper les plus sensibles, moi j'ai pris mon pied devant quelques séquences, parvenant même à m'extasier à plusieurs reprises. Cette caméra folle qui alterne entre voltiges aériennes et ralentis ponctuels se marie très bien à la condition des personnages, en pleine crise existentielle, en lutte avec eux-mêmes et avec les autres. De ce côté là on peut clairement dire que les artifices visuels sont justifiés et pas seulement de la poudre aux yeux.
Malgré tout on reste sur notre faim, le film comportant trop de maladresses que le spectacle qui nous est offert ne parvient pas à cacher. Les enjeux, les thèmes abordés, les retournements de situation, ils sont tous liés les uns aux autres dans un espèce de fourre-tout à peine développé qui tombe à plat en fin de film. L'écriture est trop simple et trop grossière pour être ignoré, et même si The Prodigies fait parfois du bien aux yeux et aux oreilles, il fait trop mal à la tête pour être plus qu'un film d'animation aux intentions honorables et à la valeur moyenne...