Un cinéaste des plus prometteurs est né. Moon, la face cachée de la lune rappelle aux bons souvenirs d’une époque révolue, 2001 de Stanley Kubrick, Blade Runner ou Alien, de Ridley Scott, en somme, le meilleur de la SF par le fiston d’un certain David Bowie, nommé Duncan Jones. Le jeune réalisateur aura retenu la leçon de ses pères tout en distillant sa dose personnelle d’originalité. Jones appuie ici sur l’aspect des multiples personnalités, thème qui reviendra différemment mais sûrement dans son deuxième film, Source Code. Pour ne pas en dire d’avantages, le film est à découvrir vierge de tout réel script pour une appréciation optimale, Duncan Jones se permet simplement de brouiller les cartes tout en restant très accessible dans la construction d’une intrigue plutôt progressive que soudaine. Oui, l’on est immergé d’emblée dans le destin d’un certain Sam Bell, technicien d’une base lunaire d’extraction d’énergie propre destinée à une planète terre dans un piteux état.
Sam Bell est d’abord un courageux employé de l’espace, un solitaire qui n’attend que la fin de son contrat pour rentrer sur terre et retrouver sa famille. Les choses ne se passeront pas comme cela, loin de là, alors que Jones développe très progressivement les coulisses d’un monde industriel qui dépasse le simple fait de signer un contrat de travail. Le cinéaste pose la question de savoir jusqu’où peuvent aller les multinationales pour faire du profit en excluant le facteur humain. Tromperie, duperie au profit d’un monde plus écologique alors que l’homme retourne le sol lunaire en quête d’un produit brute indispensable dont on ne connaît rien, cela n’ayant par ailleurs aucune importance. Seul le futur de Sam, bientôt très mal emmanché nous intéresse, nous interroge et nous surprend, là encore, très progressivement.
Tourné avec un budget relativement limité, qui plus est avec un seul acteur, le génial Sam Rockwell, en multiples séquences juxtaposées, Moon est un exemple d’utilisation rationnelle de ressources financières, une parfaite démonstration de construction de décors inventifs et originaux avec les moyens du cinéma indépendant, un exploit lorsque l’on parle de Science-fiction. Duncan Jones parvient à livrer un film peu cher, simple, mais aux allures de films de studios, alors que les distributeurs n’auront même pas pris le peine de distribuer son premier chef d’œuvre dans nos contrées. Oui, si le film est passé inaperçu, il est toutefois bien meilleur qu’un bon nombre de films aux budgets bien plus conséquents. Dès lors, Moon est une véritable découverte réjouissante qui n’aura finalement pas laissé de marbre les producteurs qui confie d’avantage à Duncan Jones pour Source Code, ce dernier n’étant toutefois pas meilleur que le premier.
J’invite donc chacun à découvrir ce petit bijou de SF qui respecte les codes du genre, qui détourne habillement l’intelligence artificielle, HAL, de Kubrick, pour en faire un nouveau compagnon dans la solitude, qui se joue habilement des standards sur la clonage, l’exploitation industriel d’un sol vierge, la terre ayant été pillée de toute part. Duncan Jones est ici tout simplement génial, au même titre que son acteur, au plus haut de sa forme, d’un côté mourant et moche à voir, d’un autre coté combatif et résolument déterminer à ce que les choses changent. Oui, Rockwell fait un travail faramineux alors que l’on serait tenté d’applaudir des deux mains uniquement le réalisateur. Un film magique qui, comme je l’ai dit, rappelle une époque de cinéma que l’on n’aurait jamais voulu voir partir. L’inventivité n’est plus très à la mode maintenant, mais heureusement, quelques petits génie, Jones, Nolan ou encore Snyder, prouvent que le cinéma a encore de beaux restes. 18/20