Source: Plog Magazine, les Critiques des Ours
=> http://lescritiquesdesours.blogspot.fr/2011/12/hugo-cabret.html
Il y a un célèbre adage hitchcockien qui dit, en gros que "si le méchant d'un film est bon, le film est bon".
Pendant 2h20, Martin Scorsese nous invite à découvrir la vie du petit Hugo Cabret, orphelin d'un père horloger qui vit dans les tréfonds de la Gare Montparnasse des années trente. Celui-ci possède un automate, qu'il cherche absolument à réparer pour en percer le secret. Telle est donc l'intrigue de ce film. Mince, n'est-ce-pas? Vous m'en direz tant. Une intrigue comme celle-ci ne tient pas deux heures.
Reprenons, Hugo vit caché dans un monde de rouages, réparant les horloges de la gare, en tentant d'échapper au boiteux Chef de Gare (Sacha Baron Cohen) et à son molosse. Le méchant, donc. Oui oui, le film est destiné aux enfants, mais de là à les prendre pour des imbéciles, y'a tout un monde quand même. Le méchant. D'accord. Sûr hein?
Comme vous l'aurez sûrement constaté, un des versants du film (à savoir le seul intéressant) nous invite à découvrir la vie et l'oeuvre de Georges Méliès (celui-ci, après avoir sombré dans l'anonymat, tient une boutique de jouets dans la gare, d'où sa rencontre avec Hugo). Le film aura au moins une vertu éducative, à savoir faire découvrir la vie de Méliès à un public qui ne le connaît pas forcément.
Et donc, par des raccourcis scénaristiques aberrants et dénués de toute crédibilité, l'univers d'Hugo (des rouages en 3D, des rouages en 2D, des pains au chocolat, des croissants et des accordéons que Scorsese semble avoir piqué à l'univers de Jean-Pierre Jeunet -oui bon, la France vu par l'Amérique quoi) croise celui de Méliès dans la seconde partie du film. Ici, on s'ennuie moins, plaisir cinéphilique oblige. Scorsese prends un plaisir ludique à recréer la vie de Méliès et les premières années du cinéma, un plaisir quasi amoureux qu'on ne pourrait lui reprocher.
Dommage qu'il ait fallu tant de coups de rame dans un marécage aux intrigues boueuses et inutiles (une dame avec un chien est courtisée par un homme, mais le chien l'empêche d'approcher, c'est drôle dis donc et surtout utile), tant d'incohérences (la tour de l'horloge de la gare Montparnasse est évidemment bien plus haute que la tour Eiffel -et encore, ça dépends des plans, et se situe bien sûr à 300 mètres de Notre-Dame) pour en arriver là. Les apparitions anecdotiques de Christopher Lee ou de Michael Stuhlbarg ne manqueront pas de rappeler le caractère anecdotique de l'intrigue de ce film gloubi-boulga et sans saveur (on est bien loin de la patte scorsesienne de Taxi Driver, After Hours, où même Shutter Island). C'est décevant, très décevant, et épuisant aussi bien pour les yeux (la 3D, même celle de Scorsese, reste de la 3D) que pour l'esprit.