Premières minutes : sur fond de beau paysage, déjà on a peur (pas de l'histoire, mais du moment qu'on va passer) : dialogues maladroits, sentimentalisme agaçant, jeu surjoué. Heureusement, la suite rattrape le film. On tient là du bon scénario on se dit, des personnages intéressants, un sujet peu abordé, et ahhhhhh, qu'ils sont beaux les bidonvilles reconstitués des immigrés algériens des années 50 ! Bon, après un moment, la mise en scène est souvent ratée : les éclairages à la limite de l'immonde (même pas foutus de bien éclairer une scène importante, qu'on voit un peu ?) la caméra portée sur l'épaule donne des travellings et des cadrages disgracieux (pouvaient pas utiliser une photographie sophistiquée ? 20 millions d'euros de budget enfin ! Le choix est donc esthétique, et donc douteux) mais après tout est-ce important ? Les dialogues sont d'une grande niaiserie, et c'est d'autant plus affligeant de voir un film historique bardée de répliques didactiques qui semblent sortie d'un cahier de primaire... mais ne peut-on pas être indulgent ? C'est ce que j'arrivai à être, d'autant plus que dans les trois quarts, le film avait de la tension, de la beauté, de l'intelligence, et qu'est arrivé une scène où l'émotion explose, superbe ! Et... voilà qu'arrive le dernier quart. Par quoi commencer ? Cette scène d'action de fusillade centrale, tant vantée. Écoutez la leçon de mise en scène de Rachi Bouchareb : comment rendre une scène de fusillade spectaculaire ? Et bien en secouant le plus possible la caméra avec les mains, évidemment ! Est-ce que ça rend la séquence plus spectaculaire, je crois pas : tout ce que je vois c'est qu'elle la rend incompréhensible, et qu'en prime j'ai attrapé d'épouvantables nausées qu'aucun point de vue artistique ne saurait justifier. Et le pire.. Le scénario ne devient plus que clichés, irréalisme désespérant, caricatures. Comme c'était inévitable, Jamel Debouzz, un des deux personnages intéressants du film, le frère à part qui préfère son avenir personnel à suivre la voie de ses frères qui choisissent le FLN, se rachète avec une conduite héroique et touchante (?) en risquant sa vie au dernier moment pour secourir son frère contraire, et arrivant comme par magie à la minute précise. J'ai failli crier de colère. Pour justifier ce cliché, Bouchareb se sera bien sur excusé en déclarant qu'il s'est inspiré de Leone et Scorsese. Attendez, Leone et Scorsese j'ai bien dit ? S'inspirer de Leone et Scorsese pour un film "sérieux" sur la guerre d'Algérie ????? Je dois rêver... Enfin après tout pourquoi pas, ce serait intéressant L'Armée des Ombres avec des duels de western et un résistant qui fume un cigare et crache par terre ! Bon, on a une belle scène finale, un personnage du charismatique Bernard Blancan qu'on découvre ambigu et intéressant, un très beau morceau de musique, un très beau cadre final... et le film s'arrête. [sig] Epilogue : allez savoir pourquoi, Hors la Loi a été nommé à l'oscar du meilleur film étranger. Pas étonnant, les américains aiment les films qui cirent les pompes de leur cinéma tout en apparaissant faussement "étrangers". Pas étonnant non plus, qu'il ait sélectionné L ALGERIE comme pays représenté par le film pour l'oscar, parce qu'on sait comme ces messieurs de l'académie américaine veulent empêcher le cinéma hexagonal qu'ils jalousent secrètement de récupérer trop de lauriers (raison pour laquelle Amour a été présenté en tant que film autrichien...