Men behind the sun est un film sombre et réaliste sur un sujet difficile. Il s’avère de qualité.
L’interprétation est bonne. En dehors peut-être d’un ou deux acteurs en surjeu (il est vrai aussi que le jeu d’acteur asiatique a des codes différents du jeu occidental), c’est globalement solide et convaincant. L’acteur qui joue Shiro Ishii, Wang Gang, est redoutable d’efficacité. Sous des dehors séduisants, il cache bien sa personnalité ténébreuse et perverse. Franchement, le film est largement porté par son interprétation, et de nombreuses scènes gagnent en crédibilité grâce à eux, que ce soit du coté des bourreaux, des jeunes japonais prit dans l’engrenage de cette violence (qui rendent bien la dualité de leurs personnages) ou du coté des prisonniers.
Le scénario m’a agréablement surpris. Franchement à la lecture des quelques critiques, je m’attendais à un film très violent, se concentrant sur les séquences « tortures ». Ce n’est clairement pas le cas. Le film développe une histoire de fond intéressante jusqu’au final bienvenu, prend le temps d’introduire des personnages contrastés pour éviter le manichéisme, et aussi d’attacher le spectateur à certaines victimes. L’histoire est dynamique, riche en émotion, elle accroche vraiment bien.
La mise en scène est de grande qualité. Le travail de Tun Fei Mou est très convaincant, avec des cadrages judicieusement choisis, des angles qui dramatisent parfaitement les scènes, un usage des gros plans réussi. Là-dessus il n’y a rien à redire, le résultat est professionnel. La photographie a un peu vieilli certes, mais elle reste tout à fait suffisante pour apprécier le métrage, et avec son coté grisâtre renforce aussi le coté austère des lieux. Les décors sont eux aussi très réalistes, et je saluerai encore le travail de reconstitution. Il est soigné, précis, avec des costumes, des accessoires, des véhicules qui rendent très bien à l’écran. Alors, reste à présent les scènes violentes. Car oui, en effet, si Men behind the sun ne s’attarde pas tant que ca sur ces passages, ils existent bel et bien. Elles sont inégales. Certaines paraissent un peu cheap, avec des effets spéciaux moyens (la séquence des bras), d’autres sont ultra-réalistes (le chat bien sur, mais aussi la séquence des explosions avec les prisonniers attachés aux poteaux…). Clairement le film est à déconseiller aux gens sensibles. Il n’y a pas de sang qui gicle à tout va, mais la froideur clinique, la vision quasi-documentaire des scènes, le fait aussi que tout ne soit pas faux est d’une redoutable efficacité. Men behind the sun est, comme Cannibal Holocaust, de ces films qui sont plutôt à regarder quant on est un amateur de cinéma extrême, que de cinéma purement horrifique. Je n’ai pas relevé de bande son particulièrement intéressante en revanche.
Pour conclure, voilà un métrage réussi, qui a le mérite de construire, sur un sujet casse figure, un travail consistant et intéressant. On sort de ce film en se disant que l’on mourra moins bête, et c’est ce que j’attendais réellement de Men behind the sun. Ne négligeant pas son histoire, ni la qualité formelle, alors qu’il aurait pu se concentrer sur un mitraillage gore racoleur, le résultat est solide. Le film est très professionnel. Je le conseille, évidemment uniquement à ceux qui se sentent près.