Comme le vertigineux «Histoire écrite sur l'eau», «Flamme et femme» (1967) interroge la nature des rapports de filiation. Au premier abord, la trame pourrait sembler simple: un père stérile, qui a eu recours à l'insémination artificielle, se rend soudain compte de la difficulté à assumer la paternité d'un enfant dont il n'est pas le père biologique. Mais, comme de coutume, Yoshida brouille les pistes et la structure labyrinthique de son récit l'ouvre à une multiplicité d'interprétations, en sorte qu'aucune signification univoque ne s'impose. Est-ce une réflexion sur la liberté sexuelle de la femme, et finalement sa toute-puissance, induite par le procédé de l'insémination, comme le prétend le réalisateur lui-même, ou bien est-ce, par le biais du thème de l'insémination qui apparaît ici surtout comme le moyen de poser des problèmes, une réflexion sur la paternité ? Sans doute tout cela à la fois! Yoshida suscite l'interrogation et n'impose aucune réponse, usant d'un montage d'une grande complexité pour favoriser la rencontre et l'interpénétration entre les thèmes de méditation. On ne sait d'ailleurs ce qu'il faut le plus louer dans son travail de mise en scène tant son inventivité est ici débridée, d'autant plus que sa complexité n'apparaît jamais gratuite, l'adéquation de la forme et du contenu montrant une perfection rare. On notera pour terminer que les images, comme dans tous les films que le réalisateur a produits durant ces années, sont belles à se damner, tandis que la musique de Teizô Matsumura est à la fois discrète et remarquable, ce qui ne gâche nullement le plaisir! Oui.... un chef-d'oeuvre, ni plus ni moins !