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Kurosawa
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3,0
Publiée le 17 novembre 2018
Raconter le délitement d'un couple dans une ville étouffante : l'argument antonionien de "Taipei Story" relève soudain le niveau d'exigence du spectateur, surtout si ce dernier admire le cinéma du maître italien. Sauf que la comparaison s'arrête là, le film d'Edward Yang privilégiant le naturalisme à l'abstraction, une suite de petits moments concrets à de longues séquences mystérieuses. S'il est tout à fait louable de se démarquer d'un tel modèle, la mise en scène et l'écriture de Yang n'en demeurent pas moins problématiques; en effet, ce montage lâche qui accentue le caractère anecdotique de ce qui se joue à l'écran impressionne par sa maîtrise mais peut aussi rebuter en ce qu'il est systématique. Le film est sans aucun doute incarné mais il donne par ses répétitions ou trop légères variantes l'impression de faire du surplace, même de se complaire dans une mélancolie qui bute face à la banalité des faits. Ainsi, on peut aisément sortir du film et y revenir à sa guise, être concerné et se sentir exclu, parce que Yang ne cherche pas à captiver ou à envoûter. Il faut pourtant admettre que la dernière demi-heure possède un intérêt nettement plus fort, la nuit remplaçant le brouillard diurne, et nous fait enfin ressentir la tristesse ambiante et la détresse d'un homme (formidablement interprété par un certain Hou Hsiao-hsien, dont le cinéma possède des similitudes avec celui de Yang) qui n'a pas su se détacher de son passé. Film inconfortable et inégal, "Taipei Story" doit aussi être salué par sa grande ambition formelle.
Edward Yang est décédé en 2007. Avec Hou Hsiao-Hsien et Tsai min-Lang, il avait incarné la Nouvelle vague du cinéma taïwanais. Son œuvre reste méconnu, mis à part "Yi Yi", son dernier film. "Taipei Story", son deuxième film, daté de 1985, était resté inédit en France jusqu’à sa sortie sur nos écrans le mois dernier.
C’est l’histoire d’un couple qui se délite. D’un côté Lon (interprété par Hou Hsiao-Hsien lui-même) est une ancienne gloire du base-ball qui, après un séjour aux États-Unis, revient à Taipei reprendre le commerce paternel. De l’autre Gwan (la sublime Sun Yun Ko qui hélas n’a pas fait carrière) travaille dans un cabinet d’architectes en pleine restructuration.
Le résumé que je viens de faire de "Taipei Story" est beaucoup plus compréhensible que la présentation qu’en fait le film. Il procède par de courtes saynètes qui, comme le dessin d’une marqueterie compliquée, ne font sens que mises bout à bout.
Edward Yang se revendiquait de Bresson ou d’Antonioni. On pense aussi à Cassavetes, peut-être en voyant le réalisateur Hou Hsiao-Hsien dans le rôle principal – et Edward Yang lui-même dans un rôle secondaire. Peut-être aussi à cause du grain et de l’ambiance de ce milieu des années quatre-vingts qui ont si mal vieilli. Qu’il s’agisse de la musique, des costumes ou des coiffures, tout était décidément laid à cette époque.
Lon et Chin sont amoureux. Alors, ils décident d'aménager dans un appartement confortable, au cœur de Hong Kong, tout en cultivant le secret désir de rejoindre une partie de leur famille aux Etats Unis. Mais Chin perd son travail, et s'ensuit alors la lente décomposition du couple. "Taipei Story" est une œuvre des années 85 qui a bénéficié d'un nettoyage de l'image pour sa ressortie. En réalité, c'est un film d'une incroyable modernité. On peine à penser qu'il a été tourné dans les années 80 tant les sujets qui sont montrés sont d'une étonnante actualité. Edward Tang décrit une Chine capitaliste absolument moderne. La fascination de l'argent côtoie la dictature communiste, enluminée la nuit sur les bâtiments officiels, la corruption se mêle à une frénésie de la construction immobilière, la pauvreté et la désespérance se confrontent à une jeunesse frivole et insouciante. Il ne manque plus que les portables ou l'Internet pour nous dire que ce film est résolument contemporain. Surtout, "Taipei Story" est un très bel exercice de mise en scène. Les déplacements des acteurs, le jeu sur les espaces, les décors, dénotent un travail méticuleux de cinéma. On regrettera toutefois un format beaucoup trop long qui frôle l'ennui. En effet, le réalisateur prend le temps de dérouler les affres amoureux de ce couple, avec parfois un soupçon de complaisance. Mais le film demeure une grande réussite, parvenant à traverser les années sans prendre la moindre ride.
Vu au Champo, le 9 octobre, dur de me souvenir du tire, dur de me souvenir du film, il ne m'en reste rien ! Si l'histoire d'un couple en crise, de la baston en moto, de la pluie, une mort. Peut-être une overdose de films taïwanais... Joyce, pourtant, le titre était apétissant !
« Taipei Story » est un film davantage sociologique qu’à haute teneur artistique. Non pas qu’Edward Yang délaisse ici toute mise en scène. La qualité de la photographie, des cadrages, de l’ambiance, ne laisse aucun doute : ce long métrage est construit, finement poli, ouvragé. Mais Yang ne met pas l’accent sur l’esthétique, qui sert le propos et demeure assez convenue. Il ne met pas non plus l’accent sur un message particulier, « Taipei Story » est plutôt un film vaporeux, lent, qui dépeint le Taipei des années 80 par petites touches, que ce soit par des plans extérieurs de la vie urbaine ou par des personnages paumés et désabusés. A ce titre on a du mal à s’identifier à eux et à leurs choix pour le moins déconcertants. Mais là n’est sans doute pas le but d’Edward Yang. Ses personnages sont très réalistes, voire naturalistes. Des jeunes gens à l’avenir incertain et qui tentent de surnager dans un entre deux : une demie misère sociale et sentimentale, avec cependant dans les deux cas de quoi vivre (ou survivre). Rien de vraiment tranché. Les personnages hésitent : à s’engager, à partir vers les États-Unis et un monde qu’ils espèrent meilleur, à s’aimer… Hou Hsiao-Hsien est l’un des acteurs principaux de ce long métrage, et il se débrouille très bien. C’est aussi l’un des scénaristes, aux côtés d’Edward Yang, et on reconnaît sa patte : « Taipei Story » tient plus du constat, de la photographie d’une situation donnée. C’est sa force et sa faiblesse. Les scénaristes ne jugent pas les personnages. Mais ils en restent comme à la surface. Pas de recul, pas d’approfondissement de leur mal-être. Dès lors, comment ne pas y voir un simple objet visuel, à l’image de « Millenium Mambo » de Hou Hsiao-Hsien, qui poussera encore plus loin le truisme cinématographique ultra esthétisé ? Dommage que « Taipei Story » n’ait pas davantage de corps et d’intérêt… Quand on sait qu’Edward Yang a été capable de nous offrir la petite merveille qu’est « Yi Yi », on ne peut qu’être déçu par ce long métrage quelque peu brouillon. Un Yang mineur.
Le splendide deuxième film d'Edward Yang était inédit en France. Voici l'oubli maintenant réparé. Et force est de constater que le réalisateur du sublime Yi Yi était dès son deuxième film un très grand cinéaste. Taipei Story est l'histoire d'un couple qui ne s'entend plus et qui à l'orée de la vie ne parvient pas à se choisir un futur. Voir ma critique complète sur mon site :
Edward Yang fut avec Hou Hsiao Hsien le représentant emblématique de la nouvelle vague Taïwanaise et sans doute un des cinéastes asiatiques à la filmographie la plus relevée du moment ( deux dernières décennies du XX eme siècle).
Taipei story est son deuxième film, sans doute largement inspiré de l'oeuvre d'Antonioni ("l'eclipse" notamment).
" Taipei story" nous montre la fin d'une relation amoureuse dans un Taiwan moderne L'expérience de Yang qui vécut une décennie aux usa, observa lors de son séjour les conséquences du modernisme sur les relations de couple, n'est sans doute pas étrangère aux sources d'inspiration du scénario.
Le jeune homme prénommé Lon est incarné avec talent par le cinéaste Hou Hsiao Hsien aussi co auteur du scénario.
C'est surtout Lon qui ne veut pas poursuivre la relation, sans qu'on connaisse véritablement ses motivations, si ce n'est qu'il ne croit pas au couple ( il le dit explicitement sur la fin).
Reprenant la thématique de l'incommunicabilité chère à Antonioni, c'est selon moi, une grande réussite du cineaste Taïwanais.
Yang poursuivra dans son opus suivant " the terrorizers" le développement de la même thématique.
Primé au festival de Locarno " Taipei story" donne à mes yeux, toute sa saveur à sa seconde vision. Yang parvient à remplir les silences et invite le spectateur à la réflexion à propos d'un thème universel abordé ici sur le ton de la tragédie.
Yang sera surtout connu du grand public français avec son dernier film " yiyi" ( 2000) prix de la mise en scène à Cannes, qui sera une nouvelle déclinaison du thème déjà abordé ici.
Par soucis d'honnêteté à l'égard du spectateur éventuel, le film s'adresse avant tout à l'amateur de cinéma introspectif.
Taipei Story investit l’Histoire récente de Taïwan par le prisme de l’intime, dévoile la confusion politique d’une société gangrénée par la précarité, l’industrialisation galopante et le multiculturalisme – en ce que la ville de Taipei apparaît tiraillée entre des traditions chinoises et japonaises d’une part, liées à l’occupation des deux puissances correspondantes, et le soft power américain d’autre part avec, notamment, le rock’n roll, le cinéma et la publicité – en épousant le point de vue principal d’un couple qui se délite. L’intelligence du long métrage consiste alors à s’emparer de deux personnages contraints d’évoluer dans des cercles fermés et dans une routine qui vont subitement imploser au contact de l’extérieur : le voyage aux États-Unis pour Lung, la virée entre amis qui conduit Chin à éprouver une liberté qui la galvanise et l’effraie à la fois. Aussi, tous les deux subissent le revers de ce qui pouvait apparaître comme une bénédiction : si la culture américaine se greffe à celle de Taïwan, cette greffe demeure insatisfaisante et plonge l’homme et la femme dans un trouble sentimental insoluble. Edward Yang accorde un soin particulier aux objets de l’Oncle Sam : des affiches de Marilyn Monroe, des jouets en forme de cannette de soda, une boîte de céréales Quaker, un bidule à l’effigie de Charlie Chaplin. La société taïwanaise devient un carrefour d’influences hétérogènes que le cinéaste incarne en une forme d’avant-garde, pleine d’innovations et de trouvailles ; celui-ci ne divulgue toutefois pas la violence que fait endurer un tel bouleversement aux personnages dont les rêves s’étiolent à mesure que l’écart entre eux se creuse. « L’illusion que tout peut recommencer », voilà l’adage qui synthétise l’échec et des projets entrepris par Chin et Lung et de cet eldorado factice qu’est l’Amérique, réduit à l’état de « panacée » - comme le mariage d’ailleurs, remède auquel s’accroche Chin. Une grande désillusion subtile et magistralement mise en scène par Edward Yang.
Pas d’excès dans la mise en scène, de la simplicité dans l’utilisation de la musique et de la finesse dans la construction du scénario. Taipei Story est un film d’une extrême justesse. Comme dans le cinéma de Kore-eda ou de Bergman, Yang utilise très peu d’artifices afin de laisser ses personnages prendre de la consistance. Un principe aussi facile à concevoir qu’il est difficile à mettre en place.
Hou Hsiao-hsien sous la houlette d'Edward Yang le tout co-écrit avec Chu Tien-wen (scénariste attitré de HHH) devrais convaincre tout les fans de cinéma asiatique de voire ce grand film de la nouvelle vague taïwanais. Le film traite d'un couple en crise à taipei dans leur quotidiens de plus en plus étouffant dans cette jungle urbaine. Pour notre plus grands malheurs Taipei Story est un film hyper rare, qui n'a toujours pas eu le droit à la sorti en dvd qu'il mérite.
La photographie, couplée à la mise en scène de l’œuvre, j’ai été subjugué, surtout avec la restauration 4K (merci Movies7), c’était trop impressionnant. J’ai aimé la dénonciation d’Edward Yang, dans un Taïwan en pleine essore où le destin d’une relation amoureuse bat de l’aile, l’élément que je peux reprocher au film est sûrement son rythme, mais à côté c’est vraiment qualitatif, ma première œuvre de Yang et j’ai vraiment aimé.
Un film sur ces rêves qui ne se réaliseront jamais. L'ambiance est lourde, on étouffe sous tous les non-dits, les tabous, les dettes et les infidélités. Réaliste, et d'une grande tristesse.