Étonnant film. Soderbergh confirme qu'il est l'un des plus intéressants et inventifs cinéastes americains d'aujourdhui. Ce film est même, peut-être, son meilleur, car il est le premier à aller jusqu'au bout de son idée du cinéma, voire à la traiter de manière explicite: les rapports entre l'être et le paraître, la recherche du fond (jamais trouvé, au fait) par la forme, toujours mouvante et profonde. Des sensations, des idées, des gestes, des paroles, des images - elles sont toujours en suspension, en communication les unes avec les autres, dans un foisonnement de réel d'une grande force esthétique, musicale, voire morale. Car, oui, la forme de Soderbergh ne s'arrete jamais à la surface, mais cherche l'être, comme le journaliste qui prend l'interview de Chelsea.
Le grand talent de Soderbergh est de trouver le bonnes doses. Je ne sais pas comment il reussi à appuyer ces touches, ici l'une, ici l'autre, pour nous garder toujours dans un espace intermédiaire, entre la vie et la contemplation de la vie, entre une question (qui est toi, Chelsea?) et une reponse, qui ne viendra jamais. L'espace intermédiaire du cinema, pour une infinie richesse.