Un des films les moins connus et estimés d'Akira Kurosawa. D'ailleurs, beaucoup de connaisseurs du travail du maître nippon s'accordent à dire que ces "Bas-fonds" est l'un des plus exigeants du cinéaste. Tout en sachant que, même dans ce qu'il a de plus accessible, Kurosawa n'est jamais simple à appréhender. Et vous savez quoi ? On ne peut que donner raison aux dits connaisseurs car, en effet, "Les bas-fonds" est un film difficile. Le matériau de base (à savoir la pièce de Gorki) est déjà délicat à traiter, mais Kurosawa complique encore plus la tâche. Il ne faut pas plus de 15 minutes pour que cette atmosphère, remplie de misère, de sournoiseries, d'éclats de voix et de moqueries commence à nous peser sur le moral. Sur ce coup-là, si ça arrive (et c'est certainement déjà arrivé) on ne pourra pas tenir rigueur au spectateur lâchant l'affaire au bout dudit quart-d'heure. Ajoutez à cela un pessimisme limite terrifiant et vous décrochez la timbale. Kurosawa, via le pèlerin distribuant ses boniments, n'accorde pas plus qu'un mince espoir à ses personnages. À chaque fois que l'on se met à croire à des jours meilleurs pour l'un d'entre eux, il y a toujours quelque chose pour venir vous couper l'herbe sous le pied. Ce qui contraste plus que nettement avec le film de Renoir qui lui, laissait Pépel s'échapper de cette misère noire pour lui permettre de rêver à des lendemains qui chantent. Quand on aime regarder des films, nous spectateurs, on apprécie toujours que ce soit les films qui s'offrent à nous. Là, la donne est complètement différente, jamais ce film ne s'offrira à vous. Pour avoir une chance de l'aimer, sans verser dans l'élitisme, il faut accepter l'adversité, accepter de se faire mal quitte à avoir parfois l'impression de se prendre un mur en pleine tête et il faut connaître également un minimum l'univers du maître nippon Pour ma part, m'étant préparé à trouver un adversaire féroce sur ma route, j'ai adhéré d'emblée. Pendant 1h30, j'ai été complètement captivé et j'étais tout à fait prêt à mettre les 5 étoiles. Mais, vient cette dernière demie-heure de film. Laquelle, il faut le dire, n'a pas grand chose à raconter et est assez pénible assez suivre. Le suicide de l'acteur alcoolique est indispensable mais, il y avait très certainement moyen de faire moins long. Si vous ne connaissez pas encore Kurosawa et que vous prend l'envie de le découvrir, il vous faudra éviter de regarder ces "Bas-fonds" en premier, sinon, vous aurez certainement l'envie de ne jamais plus y revenir.