Cousin catalan éloigné et taciturne de Toto et Ninetto de Pasolini, conte poético-socialo-naturaliste de zonards barcelonais, presque bucolique. Des animaux blessés, sauvages, tout rapés, abimés, décharnés, qu'on sauve au fil de l'eau et qu'on ramène dans sa cabane, comme quand on était gamin. Cette zone, ce terrain vague, littéralement et dans tous les sens du terme, une fois passé les échangeurs routiers, ressemble à une campagne qui n'a rien de domestique. On suit ce garçon, fragile et dur, assez solitaire, gaucher, dont la garde robe est composée de tee-shirts à col rond et de sweats zippés à capuche dont seules changent les couleurs (à la finale régionale il portera un pantalon et un blouson), une mère en prison, un administrateur de biens en ville, un cousin qui reste jamais longtemps, qui part on sait pas où, des courses de lévriers dans un cynodrome délabrés, des concours d’oiseaux chanteurs. Rien ne sera expliqué, ni aucune sociologie ou morale ; film social qui conjure avec finesse tous les procédés et figures du genre, construit de temps, de lieux, de regards, de silences, de trajets à pied. On regrettera seulement le recours final à une violence soudaine et plus frontale, cruelle, pas franchement nécessaire pour amener de la dramaturgie, dans un film épiphanique, qui fait montre d’un art subtil de la sigétique et de la ponctuation. Musique originale libre et remarquable