Dix-sept ans d’absence derrière la caméra, c’est tout sauf rien. Aussi c’est pourquoi le grand retour, derrière la caméra, de Jerzy Skolimowski (vu, en tant qu’acteur, dans “Mars Attacks” ou “Les Promesses de l’ombre”) fait figure d’événement, vu le palmarès du Polonais (qui a notamment remporté le Prix du scénario à Cannes, en 1982, grâce à “Travail au noir”). Et pour rompre un silence qui dure depuis 1991, le metteur en scène nous offre une histoire faisant la part belle… au silence : celui de Léon, employé d’un hôpital qui, quatre nuits durant, pénètre dans la chambre d’Anna, sa voisine d’en-face, et reste à la regarder dormir. Rien de plus, et heureusement, car le récit est déjà assez dérangeant comme ça. La faute (?) à l’acteur principal, Artur Steranko, dont l’interprétation de ce personnage aux motivations floues fait parfois froid dans la dos, et fait naître une tension quant aux aboutissements de la situation. Sauf que Skolimowski a tendance à donner trop de lenteur à son récit, ce qui a pour conséquence de l’étirer et de parfois faire naître l’ennui, malgré la brièveté de ces “Quatre nuits avec Anna”. Un défaut des plus regrettables tant le reste emporte sans mal l’adhésion, de la photo aux cadrages, en passant par les décors (le Nord de la Pologne, soit l’ancienne Prusse) et l’interprétation. Ce qui est toutefois suffisant pour que ces “Quatre nuits…” ne soient pas totalement synonyme d’ennui.