Léon les mains sèches, gelées, le visage ardu comme un tronc d'arbre l'hiver. Déambulations un rien grotesques dans la campagne polonaise, le froid, le ciel gris, les nuages plantés comme de mornes drapeaux. Suivre une fille, échapper au passé, tomber amoureux. Voilà le programme. On ne peut réellement comprendre le nouveau film de Skolimowski autrement que par saynètes désaxées, rentrant en collision les unes dans les autres. Seule la fin peut à priori nous aider à résoudre le mystère troublant planant sur ce sombre film, d'un désespoir glaçant. La première partie est fantastique ; y résonnent les chuchotements du passé, la difficulté d'être dans un contexte social rebutant, la valse discrète de l'amour et les complaintes lointaines d'une mort tournoyant dans chaque pièce. Skolimowski étale les faits de butte en blanc, sans jamais les justifier par la temporalité éclatée de son récit. Il y aurait un viol, du voyeurisme, une accusation, une main coupée et une sodomisation gay en cellule. L'accouchement de tous ces éléments (repoussants avouons-le), de manière purement directes et évidentes, donne l'impression d'avoir rater un morceau de séquence pour nous aider à comprendre ce capharnaüm effroyable et glauque. En alternant ce qui apparaît éventuellement comme l'interêt final, c'est-à-dire la tentative d'explication croissante en flash-backs, en parallèle avec le 'repos' des séquences présentes, Skolimowski offre à son film une hésitante réflexion sur l'ouverture vers l'avenir. Léon, garçon sensible mais glacial, volontairement désagréable à suivre vu les positions qu'il prend (épier une femme chaque nuit, comme si la tension que le cinéaste entretenait devait aboutir à une forme de viol), arpente la déraison pour approcher toujours plus près une femme qu'il aime sans connaître, comme d'un premier sentiment éprouvé, lumière d'un avenir plus lumineux. Lors de la deuxième partie (intervenant d'ailleurs on ne sait où réellement), Skolimowski se perd dans une composition