Avis sur Itinéraire de Jean Bricard

J'ai finalement trouvé l'occasion de voir des films de Straub... Composée de trois moyens métrages, la séance s'est avérée inégale : seul cette itinéraire m'a semblé digne d'intérêt ( les deux autres films, plus fictifs, m'ont profondément ennuyé ). En effet, L'itinéraire de Jean Bricard peut être considéré comme une variante du documentaire cinématographique, ici présentée sous la forme d'un poème pratiquement hypnotique. On y retrouve les audaces d'une Chantal Akerman ou d'un Abbas Kiarostami. Jean-Marie Straub et son acolyte n'ont pas l'intention de caresser le spectateur dans le sens du poil : ils étirent leurs séquences au maximum, parient sur la rareté des dialogues ( contrairement au Genou d'Artémide et au Streghe, les deux fictions du triptyque, épuisantes de bavardage...) et sur la voix-off censée incarner ce mystérieux personnage éponyme au film. L'itinéraire en question ressemble un peu à l'extrait d'un journal intime, celui d'un individu dont on ne sait rien au bout du compte. On prend plaisir à contempler ce film étrange, d'un oeil vagabond mais serein... Bien que les deux autres métrages demeurent nettement moins efficaces, ils prennent aussi le parti d'éveiller les sens du spectateur ( allant parfois jusqu'à la dissociation ). Une expérience étonnante.