Il y a des films comme ça, unique, improbable, miraculeux, tissé de temps, qui n’aurait pas du voir le jour, mais qui arrive à l’existence quand même, sous une forme différente. Mais c'est un autre film alors ?! Du coup on se demande si l'on n’a pas rêvé. On est émerveillé comme devant la lanterne magique durant cette collection d'épiphanies, que d'aucun, qui restent fermés à toute forme d’expression pensive, méditative, croient ne se résumer qu'à une juxtaposition vaguement documentaire sans grand sens, mais dont ceux qui s'y entendent en art pressentent la bien réelle tropologie et se laissent naturellement atteindre par les coulées de lave incandescentes cachées sous la cendre. A l'image de ces quelques apparitions du producteur qui demande au cinéaste ce qu'il peut bien fabriquer, avec ses dominos ou ses palets, sans acteurs, que son film ne correspond pas au scénario. Et on reprend le cours de l’errance, des planètes, des processions de la vierge, des camions de pompiers, des clubs de motos, des bals populaires, des feux d’artifices, de la fille qui surveille les fumées, des histoires de Paolo « meunier » et de ses sauts du haut du pont dans la rivière, au son de la radio locale et des chansons sentimentales, qui mine de rien vont former le décor (le lieu et la formule) de la fiction où vont finir par apparaître la fille de l’homme dont la femme a disparu, qui chante accompagné du cousin motard et guitariste. Et on fini par se demander (dialogue final absolument fantastique) avec toute l'équipe technique si le preneur de son (séquence quasiment théurgique de prise de son du vent dans le ciel sur un somment, à la tombée de la nuit, d'une poésie et d'une beauté rare et fabuleuse) n’a pas capté subrepticement des paroles venues d'on ne sait où, inaudible au sens commun... Quel générique de fin ! Un vrai coup de maître, chapeau bas