Dissipons tout de suite un malentendu : le film ne parle pas du tout du sida. On ne sait pas comment le héros a été contaminé, le problème de la thérapie n’est même pas abordé, etc. Le sida n’est qu’une métaphore, le film parle en fait de la mortalité, de la saveur que la mort donne à la vie. Pour Beauvois, c’est une saveur essentiellement amère. Il n’envisage pas tellement que la mort puisse rendre la vie précieuse et lui donner un parfum épicé. Sa vision n’est donc pas follement gaie, mais chacun voit midi à sa porte. En tout cas cette vision, il l’expose sans pathos, sans émotions dégoulinantes, avec une économie de sentiments qui la rend d’autant plus poignante. Il touche du doigt l’isolement des êtres, la vanité de leur destin et tout que l’existence humaine contient d’absurde et d’éphémère. La mise en scène est sèche, précise, efficace. Elle sert parfaitement son propos. Pour résumer, le film est dur mais percutant et passionnant.
Mention spéciale à ce superbe acteur qu’est Roschdy Zem. Il est d’une justesse rare. Il fait partie de ces acteurs exceptionnels qu’on a plaisir à voir jouer quoiqu’ils jouent.