Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
traversay1
3 645 abonnés
4 878 critiques
Suivre son activité
2,0
Publiée le 28 juillet 2010
Immédiatement après La zona, d'heureuse mémoire, le jeune cinéaste mexicain Rodrigo Pla a tourné Desierto adentro, qui a mis un peu plus de temps à arriver sur nos écrans, ce qui est rarement bon signe. En 1926, le gouvernement mexicain décide de suspenre tous les services religieux dans la pays. Les églises ferment, les prêtres sont pourchassés et assassinés. Avec le même point de départ que Dieu est mort de John Ford (l'un de ses moins bons films), Rodrigo Pla raconte la malédiction d'une famille, installée dans le désert, dont les membres meurent les uns après les autres. Un film austère, aux frontières de l'abstraction, aussi esthétiquement léché qu'ennuyeux, qui aggrave son cas au fil des minutes, sans qu'on ne lui trouve de circonstances atténuantes. Une grosse déception après La zona, en attendant Revolucion, un film à skectches auquel la fine fleur du cinéma mexicain (Eimbcke, Escalante, Reygadas, Bernal, Luna ...) a participé.
C'est un film sur la crédulité religieuse dans l'âme paysanne mexicaine dans la première moitié du 20ème siècle. Fatalisme et culpabilité. Pas folichon? Sûrement. Plutôt envie d'aller voir le dernier sophie marceau qui nous vante la nécessité de garder son âme d'enfant dans nos corps adultes? Pourquoi pas. D'autant plus que la mise en scène est misérabiliste, ce qui du point de vue du grand public sied mal à l'art, même selon l'avis de la majorité des pauvres. Mais nul ne me contestera que ce type de misère existe et n'est pas rare. On y voit un désert affectif relationnel chez tous les membres d'une même famille, le désert de l'absence de démocratie dans un gouvernement militaire, le désert économique, paysager, matériel, une solitude provincial où tout se tient et bouche l'horizon. Pour tous ceux qui ont déjà mis les pieds dans le caniveau, et en ont encore un peu au coin de la bouche, car c'est glissant et collant. L'amour sincère y est totalement inutile et participe à la reproduction du malheur sans aucune frontière avec lui pour s'en dissocier. L'espoir plus que d'être mort ne parvient pas à crever pour foutre enfin la paix aux rêves. Le mieux est l'ennemi du bien absent. Je comprends que certains trouveront cela ennuyant. Mais le réalisateur, comme dans cet autre film réalisé plus près de chez nous par un belge "la merditude des choses", met la main dedans avec le même succès; et ça ne tâche pas, il a su rester intègre, sans condescendance ou humanisme irréaliste. Voilà ce que j'ai aimé. Aujourd'hui ceux qui trouveront ces personnages trop crédules ou névrosés, votent pour le candidat qui semble le plus honnête, misent leur argent dans des actions d' entreprises qui paraissent les plus compétitives, ou achètent la lessive plus blanc que blanc. Desierto adentro c'est une piqure de rappel.
L'austérité s'imposait pour rentrer dans le mysticisme. La croyance à l'extrême n'a-t-elle d'autre résultante que la folie ? Une histoire sur la rédemption magnifiquement dépeinte dans une Å“uvre grandiose qui touche autant qu'elle donne à réfléchir. Un film sublime qui atteint les sommets du genre.
un sujet lourd, une œuvre austère, sur la rédemption, la culpabilité, la folie mystique, qui assèche les sentiments humains, et dessèche les cœurs; le désert intérieur... un grand malaise...
Une oeuvre austère, certes, mais d'une telle beauté formelle. Notre empathie pour les personnages prisonniers d'un cadre familial malade et névrotique, au milieu d'un désert aride, souligne toute l'émotion que crée Rodrigo Pla. Un auteur à suivre.