Ce deuxième film de Pablo Fendrik a été sélectionné au Festival de Cannes 2008, dans le cadre de la Semaine de la Critique. Ses débuts remarqués en tant que réalisateur avaient également mené le scénariste de Vida en Falcon et de la Las vidas posibles à concourir à Cannes en 2007 avec sa première oeuvre, L'Assaillant.
Devant tourner en équipe réduite et composer avec les aléas de la rue en caméra cachée, le metteur en scène Pablo Fendrik s'attendait à un tournage difficile. Il n'a de ce fait pas cherché à calquer sur la pellicule les images qu'il avait dans la tête au moment d'écrire le scénario: "Je crois que tout est beaucoup plus vivant si cela se fabrique au moment des repérages, voire même le jour du tournage", confie-t-il, mettant en avant la connivence qui a existé entre lui et son directeur de la photographie Julian Apezteguia, tout au long du tournage.
Essayant de calquer le caractère des personnages à la musique qui les accompagne dans chaque scène, Pablo Fendrik a étudié avec minutie le choix de chaque composition avec son musicien. Ainsi la musique de Leandro se devait d'être "rock, rustique et puissante", tandis que celle d'Arturo devait avoir une sonorité "plutôt new age (...) comme une recherche de relaxation (...) forcée", explique t-il.
Dans son premier film L'Assaillant, Pablo Fendrik condensait l'action sur une matinée. Désirant poursuivre l'exploration d'autres variantes de la limite temporelle, il a choisi avec La Sangre Brota de développer l'action sur une journée. Selon lui, les repères de temps concrets et précis "développent le potentiel des conflits et radicalisent les décisions que les personnages doivent prendre pour les résoudre".
Afin de sortir des froids sentiers battus de la relation réalisateur-acteur, Pablo Fendrik privilégie son rapport aux comédiens qu'il apprend à connaître avant le tournage et avec qui il noue des liens : "Je dois être l'ami de mes acteurs, avoir vraiment confiance en eux, faire à manger ou être saouls ensemble, parler de musique, nous trouver des ennemis communs... ce sont de bonnes manières de créer des affinités !", raconte-t-il, affirmant être à la recherche d'une complicité à toute épreuve facilitant par la suite la direction d'acteurs.
Jongler avec les difficultés du réel est une expérience qui a beaucoup plu à Arturo Goetz qui avait déjà travaillé ainsi sur L'Assaillant : "il me semble que cela rend les scènes beaucoup plus crédibles, plus réelles. Et même s'il faut parfois refaire la scène à cause d'un regard caméra. Moi j'adore travailler comme ça, dans la rue. Avec cette liberté d'improvisation qu'offre une caméra postée au loin, ça me fascine", confie-t-il.
Impressionné par l'interprétation de ses acteurs qu'il avait préalablement découverts alors qu'ils jouaient au cinéma dans des rôles secondaires, le cinéaste avoue avoir été fasciné par le mélange de puissance et d'élégance qu'ils ont su développer sur le tournage. Ouvert à leurs suggestions et à leurs interventions, Pablo Fendrik a fait de nombreuses répétitions et a réalisé un work in progress un an avant le tournage, notamment avec Nahuel Perez Biscayart. L'acteur confie avoir expérimenté pour la première fois avec succès le travail d'improvisation alors même que la caméra tournait.
Deux ans avant de commencer le tournage, le réalisateur de La Sangre Brota avait déjà fait appel à Arturo Goetz pour lui parler de son désir de film. L'acteur a donc eu l'opportunité de se préparer longuement au rôle en observant les gens autour de lui, en se souvenant de ceux qui étaient proches du personnage et en répétant avec Pablo Fendrik avant même le tournage de L'Assaillant dans lequel il jouait déjà. Les scènes violentes ont particulièrement atteint l'acteur, qui s'est senti physiquement mal pendant le tournage et très angoissé après.