En 1992, débarquait dans le monde de la BD un petit garçon pas comme les autres. Vingt ans plus tard, devenu une méga star, Titeuf investit le grand écran, et la bonne nouvelle c’est qu’il est resté le même. La réussite du passage au cinéma de Titeuf doit beaucoup à la présence de Zep aux commandes du projet. La série télé convainquait à moitié, en en faisant un dessin animé assez lambda, qui savait ravir les enfants, mais oubliait un peu les adultes. Tel n’est pas le cas du film, qui sait renouer avec tout l’esprit de la BD.
Zep signe une vraie adaptation cinématographique. Titeuf, le film est une histoire originale à part entière, abordable pour tout novice, mais dans laquelle le lecteur assidu reconnaîtra beaucoup de pages issues des différents tomes des aventures du héros à la mèche blonde. Parfaitement intégrées dans le récit et bien développées, les parties issues des BD apparaissent non pas comme un manque d’inspiration, mais plus comme des clins d’œil qui ravissent le spectateur. Zep ne fait bien évidemment pas que dans le recyclage, et une bonne partie du récit et des blagues sont totalement inédites. Si l’on connaissait bien de Titeuf son humour et sa vision enfantine du monde, que le film conserve complètement, on connaissait moins son côté émotionnel que le film aborde avec brio. Plus d’une fois le film attendrit, et ce n’est pas pour déplaire, tellement Zep arrive à concilier humour et émotion.
Le génie de Zep dans cette adaptation, tient également au mariage parfait entre le monde de la BD et celui du cinéma. Il dessine sur l’écran comme il dessine sur ses planches. Ainsi, comme dans les albums, si l’action principale se situe au premier plan, Zep s’amuse au second plan, entre blagues cartoonesques et références à son univers, sans parler de ses propres caméos. Mais comme le cinéma offre en plus du mouvement et du son, Zep ne s’en prive pas. Blagues visuelles et sonores propres au ciné sont donc de la partie et sont parfaitement exploitées. Musicien à ses heures et co-auteur de la BO avec Thierry Blanchard, Nicolas Neidhardt et Moïse Albert, Zep utilise aussi magnifiquement la musique comme vecteur d’émotion, et n’hésite pas à inviter dans le monde de Titeuf une pléiade d’artistes dont Goldman, Bénabar, Cabrel, Souchon, James Blunt, Max Boublil, Grégoire, Nadia Farès ou encore Johnny Hallyday, qui a même droit à son double animé.
En retranscrivant à l’écran tout l’univers de la bande dessinée et en y ajoutant même une touche d’émotion, Zep nous replonge pendant 1h30 en enfance, et franchement ça fait un bien fou !