Oscillant entre le "Elephant" de Van Sant et du Haneke sur-millimétré, "Afterschool" s'impose comme une première oeuvre majeure, réalisée avec peu de moyens et une maîtrise formelle rarement vue pour un premier essai. Si en général au cinéma le cadrage rigoureux a souvent tendance à pallier un manque de nuances ou de maîtrise scénaristique, ici il fait rage comme un substitut génial au confort d'un développement prévisible. L'utilisation du hors-champ ou la crudité d'une action qui se joue de face, tout ici est à lier à une analyse comportementale du milieu adolescent victime de ce qui l'entoure. Alliant la sobriété de ce qui est joué et la violence de ce qui ne l'est pas (vidéos piochées sur le net), Antonio Campos joue d'un contraste sublime dans lequel sa création personnelle s'oppose par son captage aride à une réalité filmée en rythme, faussement ingénieuse et tout à fait artificielle (la comparaison est aussi à faire lors du film-hommage que Robert a monté sobrement, sans musique, avec grand respect, et celle, définitive, remontée par un professionnel, plus cohérente mais larmoyante et irrespectueuse). "Afterschool" parle de ce média quelconque qui dicte l'homme la vue et la pensée commune. Le cinéaste dément ce geste, ce mensonge et ce conditionnement monstrueux en nous montrant comment l'innocence perturbée devient une folie communicatrice et hors limites. L'installation de caméras amateurs, de cinémascopes, de portables ou autres supports permet au cinéaste de varier l'image, la qualité, il permet, au-delà du pouvoir d'un cinéma réfléchi, de ne plus mettre en scène pour prouver que toute captation audio-visuelle peut être une condamnation humaine, l'antre d'un voyeurisme sans retour. Cette observation crue, parfois étirée, passe d'une action ludique à une action tragique ; ainsi le premier baiser avec Amy, filmé au caméscope, n'est pas de l'ordre du désir comme on peut le croire en premier lieu, mais plutôt l'application effrayante d'une scène pornographiqu