C'est l'heure (l'ère?) des prisons, de la misère humaine, du cinéma social, de la mixité entre fiction et documentaire, abolissant de plus en plus les barrières d'un art à double face. "Leonera" est donc l'un des dignes représentants de cette évolution de cinéma, ces images d'aujourd'hui, puissantes quant elles disent l'état du monde dans l'effacement du réel ou quand elles le dépeignent au contraire violemment, de face, sans intervention artistique 'personnelle' , pour simplifier. "Leonera" , drame argentin éprouvant et pourtant très doux, parle d'une histoire dérangeante, flippante, désastreuse ; celle d'une prison pour femmes enceintes où les coupables accouchent et élèvent leurs enfants, alors privés d'une liberté de champ vitale, étouffés sous la chaleur accablante des cellules exigues, malgré le déplacement accordé à l'intérieur de la prison. L'enfant, ici, fait écho à la rédemption possible d'une femme accusée, et dont la vie minuscule et innocente serait tout de même la raison de survivre et de se battre. En Argentine, ces prisons spécifiques existent réellement. Le parti pris documentaire du film, c'est-à-dire caméra instantanée, travail minimaliste sur les lumières, rendent "Leonera" très vivace, alors qu'en contrepartie, le travail sur les angles et certains mouvements de caméra (magnifiques travellings, tournage en plans-séquences) nous plongent d'emblée dans une ambiance purement cinématographique. Et c'est dans l'alchimie de ces deux objectifs que le film opère par petites touches, décryptant le désir de renaître d'une héroïne au bord de l'abandon, et dont on ne sait toujours pas l'implication (véridique?) dans le meurtre de son mari, et le fonctionnement d'une maternité absurde, d'une éducation derrière les barreaux. Si le symbole de l'univers carcéral en tant que mère emprisonnant elle-même son enfant dans une envie de trop en faire agit en premier lieu, on se focalise rapidement dans la profondeur du récit, amené, développé simplement, sans trop de